L’année de ses dix ans, après une dispute, une toute jeune fille met fin aux relations avec un père très vite séparé de sa mère.
Un solitaire du cap de la Colère au Finistère. Un homme du large, des marges et des rivages.
Elle reçoit pourtant de sa part, au moins une fois par mois, des salaisons iodées, des livres de navigation, des coupures de presse et, enfouie au fond du colis, une lettre pleine de vent, de bateaux, de conseils, et d’une écriture serrée étrangement penchée à gauche.
Des nouvelles du père, des nouvelles de l’Ouest.
La jeune fille conserve tout mais elle s’entête. Jamais elle ne répondra.
Plus tard, la jeune femme devenue étudiante rassemble pourtant ce patrimoine épistolaire. Elle l’affine en balises, en courants, en marques de mer et d’attachement. Puis elle distribue ce matériel mémoriel dans le flux d’un beau livre modeste. Une édition qu’elle adresse typographiquement, tout en sensibilité et en pudeur, à la communauté ouverte des lecteurs. Dont un solitaire, du Cap de la Colère au Finistère.