Le design graphique est-il un outil critique ?
Quand on pense Ă la notion de critique en matiĂšre de graphisme et que lâon a grandi dans notre bel Hexagone, Ă la fin du siĂšcle dernier, il est peut ĂȘtre difficile de ne pas convoquer, comme par rĂ©flexe, les figures de Pierre Bernard, de GĂ©rard Paris-Clavel et de toute la constellation Grapus.
Dans le sillage des pionniers de la discipline des annĂ©es 20, nos activistes libertaires et virulents des annĂ©es 80 ont vu dans le graphisme le vecteur dâune possible critique en termes de contestation sociale, comme un jugement associant esthĂ©tique, Ă©thique et politique. Une proposition capable de transformer la perception de la sociĂ©tĂ© et les reprĂ©sentations du statut de ses habitants.
Mais on ne parlait pas, alors, de graphisme critique. On parlait dâavant-garde, de modernitĂ©. On parlait de progrĂšs, dâengagement, dâutilitĂ© publique ou sociale. On ne parlait pas encore dâutilitĂ© critiqueâŠ
Lâadjectif « critique » utilisĂ© pour qualifier le graphisme apparaĂźt Ă ma connaissance plus rĂ©cemment, vers 2007, lorsque Zak Kyes lance son projet curatorial Forms of Inquiry: The Architecture of Critical Graphic Design1. Et il me semble quâau travers de cette qualification « critical » â en anglais, la qualitĂ© critique en elle-mĂȘme â, lâapproche de la notion sâest peut-ĂȘtre dĂ©placĂ©e, quâon ne dit pas tout Ă fait la mĂȘme chose de la pratique du graphisme et de ses reprĂ©sentations.
Visions critiques et politique publique
Revenons dâabord Ă cette filiation du graphisme contestataire. Cette façon de penser un graphisme capable de mettre en crise les rĂ©alitĂ©s â les siennes, celles du monde â prend ses sources dans le projet moderne des dĂ©buts du XXe siĂšcle. Une remise en cause critique de lâordre des choses, toute tendue vers des lendemains rĂ©volutionnaires qui peuvent chanter.
Ăvidemment, Ă lâĂ©poque, on ne parle pas de graphisme. Les affaires dâimages scripturales sont comprises dans un projet dâĆuvre dâart total, dans une esthĂ©tisation de la vie elle-mĂȘme. LĂĄszlĂł Moholy-Nagy peut dĂ©clarer : « lâart le plus moderne est un vĂ©ritable mode de vie »2. Theo Van Doesburg, El Lissitzky et Hans Richter peuvent poser lâart constructiviste comme « une mĂ©thode dâorganisation de la vie gĂ©nĂ©rale »3. La construction de la rĂ©volution politique se joue dâabord Ă un niveau esthĂ©tique, dans un « mode de vie », une façon de ressentir les choses et aussi bien le corps social et son organisationâŠ
Dans les annĂ©es 80, notamment en France et sous lâimpulsion des grapusiens, on va retrouver une forme de revendication critique dans un graphisme en voie dâinstitutionnalisation, dĂ©fendu alors comme une utilitĂ© publique ou sociale. Un agent de la concorde qui assure une certaine communautĂ© de regard, mais aussi un service public qui confĂšre Ă cette culture visuelle partagĂ©e, contre la publicitĂ©, une certaine qualitĂ© dĂ©sintĂ©ressĂ©e, ou intĂ©ressĂ©e au plus grand nombre. Un « Ă©litisme pour tous »4 qui propose au citoyen un outil pour mieux percevoir, pour ĂȘtre lucide, perspicace. Un outil qui participe Ă mettre le dĂ©mocrate aux aguets, le rĂ©publicain sur ses gardes, espĂ©rant dans le droit fil du modernisme que cette qualitĂ© dâĂ©veil du rĂ©gime de la sensation, ailleurs appelĂ© esthĂ©tique, puisse avoir quelque effet sur la maniĂšre de penser la citĂ©.
LâĂ©crivain et le critique
LâesthĂ©tisation du quotidien Ă lâĆuvre dans lâimaginaire critique moderne sâappuie sur la figure plus ou moins codifiĂ©e de lâauteur, ce hĂ©ros/hĂ©raut seul capable de proposer Ă un espace public en devenir un langage susceptible dâapporter une qualitĂ© Ă©prouvĂ©e dâinvention. Dans le sillage du Bauhaus, lâauteur est plutĂŽt industrieux : architecte, photographe, typographe⊠Dans la France des Ă©coles de Paris, de la galaxie Grapus, mais aussi de toute une tradition de lâaffiche et de lâexpressivitĂ© vitaliste, lâauteur est pensĂ© comme une sorte dâhĂ©ritier du peintre, voire, chez Massin5, comme un hĂ©ritier du cinĂ©aste. En tout cas, il est un faiseur dâimages.
Zak Kyes, alors quâil popularise la notion de critical graphic design, va proposer, Ă notre discipline toujours en mal de reconnaissance, de revenir en quelque sorte aux sources de la figure auctoriale. Kyes se pose en effet comme un graphiste Ă©crivain. Un graphiste ayant besoin, conformĂ©ment Ă son nom, dâĂ©crire ses projets : un littĂ©rateur, un metteur en scĂšne, un rĂ©alisateur, un intellectuel6âŠ
Lâeffort de lâĂ©criture, de la pĂ©dagogie, de lâexposition, mais aussi la pratique de lâanthologie, du roman graphique, du partage de la direction Ă©ditoriale, câest-Ă -dire la pratique du graphisme comme Ă©criture devient une nouvelle façon dâaffirmer cette discipline comme un relais, comme un centre et un milieu (de vie) des choses de lâesprit, de ce jugement en gĂ©nĂ©ral ailleurs appelĂ© « critique ».
Le graphiste critique sâemploie Ă Ă©crire, Ă scĂ©nariser et analyser son mĂ©tier, Ă le qualifier, ce qui revient aussi Ă lui confĂ©rer une certaine qualitĂ©. Il se rapproche ainsi de lâensemble des critiques, ces professionnels habilitĂ©s Ă juger des choses de lâesprit.
En publiant des articles sur son travail, en organisant des expositions sur son métier, il devient aussi ce commissaire (terme français bien policé), ce curator (terme anglais plus sanitaire), en tout cas ce personnage nécessaire qui peut participer à la reconnaissance de sa discipline.
Critique du texte et de lâinformation
Ce graphiste qui donne droit de citĂ© Ă sa corporation, qui lâexpose, la dĂ©fend, lui confĂšre une valeur intellectuelle et culturelle, renoue dâune certaine façon avec le XVIIe siĂšcle, pĂ©riode qui voit apparaĂźtre Ă la fois lâhomme de plume, responsable de ses Ă©crits, et le typographe-imprimeur, qui est aussi souvent libraire â câest-Ă -dire Ă©diteur â autre dĂ©nomination caractĂ©risant celui qui a le droit de publier, de rendre public.
Ce graphisme de lâĂ©crivain appelle une valorisation explicite du texte, de la typographie dont on peut dire quâelle incarne un territoire autonome de la discipline, un lieu de la consubstantialitĂ© de lâimage et du texte, un instrument historique de lâĂ©mancipation des peuples et des individus.
LâĂ©dition, la publication, si dynamiques aujourdâhui, rejoignent, comme leur Ă©tymologie lâindique, les valeurs de lâutilitĂ© publique. Le texte est, dĂšs son origine, le lieu dâune rĂ©volution de lâaccĂšs au savoir, de la transmission, mais aussi de la discussion, de lâĂ©change, de la mĂ©moire, de la controverse et de lâintelligence collective.
Utiliser lâĂ©criture comme moyen pour penser le graphisme, câest aussi penser un graphisme capable de se penser. La critique est ce qui renvoie au travail de lâentendement en gĂ©nĂ©ral, Ă la structure, Ă lâanalyse, au systĂšme, au programme. Le graphisme proposĂ© sous lâĂ©gide de lâattitude critique est un graphisme rĂ©flĂ©chi, un graphisme auto-rĂ©flexif, un graphisme de procĂ©dure qui, Ă lâheure du triomphe de lâinformatique, puise ses stratĂ©gies dans les attitudes devenues formes, souvent trĂšs textuelles, des conceptuelles et informationnelles annĂ©es 60 et 70.
Politique des auteurs
Le critique est un Ă©crivain spĂ©cial, pas tout Ă fait un auteur, en tous cas un auteur distant, un mĂ©diateur, un relais, un cadre, un accompagnateur. Il oriente les jugements sur un contenu qui lui est extĂ©rieur. Il commente. Et lâon voit assez bien la parentĂ© avec le graphiste traducteur, interprĂšte et parfois compositeur qui peut, justement, se rĂȘver en auteur.
De lâauteur, le critique garde la figure dâautoritĂ© de celui qui, justement, est habilitĂ© Ă dĂ©livrer un jugement, des critĂšres, de celui qui, en Ă©valuant, propose des valeurs. On retrouve en cela la comparaison avec notre graphiste responsable des reprĂ©sentations collectives. Le graphiste a Ă voir avec cet artiste prestidigitateur/prestigiateur dont parle Alexandra Midal en nous remĂ©morant la vieille racine latine commune qui fait des prestes illusionnistes les spĂ©cialistes du charme social appelĂ© « prestige »7. Câest parce quâil est habile mais aussi habilitĂ© â ou cherche Ă lâĂȘtre â que lâon permet au graphiste de faire accĂ©der qui veut au prestige en dĂ©cidant, en estimant â tous deux « krinein » en grec â les Ă©vocations idoines. On apprĂ©cie ce qui sâapprĂ©cie. On estime ce qui sâestimeâŠ
Mais lâautoritĂ© associĂ©e au critique prend aussi avec le texte une certaine distance. Son autoritĂ© ne relĂšve pas de cette figure du pĂšre si explicite dans la signature du peintre. Elle se rapproche davantage de cette nĂ©cessaire, technique et relationnelle fonction-auteur dont parle Michel Foucault8 . Le critique, est, conformĂ©ment Ă lâorigine grecque de son nom â « krisis » : sĂ©paration â celui qui repĂšre, qui attribue, qui indexe. Celui qui articule un texte Ă des prĂ©sences, des intentions, des gĂ©nĂ©rations. Celui qui situe par rapport Ă dâautres textes, dâautres genres, dâautres rĂ©gions de lâhistoire â avec un petit ou un grand H.
Le critique est cette figure de lâautoritĂ© qui accompagne lâexpĂ©rience singuliĂšre de la rencontre dâun texte avec un lecteur, câest-Ă -dire que le critique redĂ©finit, en la reprenant, la notion dâauteur. PlutĂŽt que du cĂŽtĂ© de lâautoritĂ©, il la situe du cĂŽtĂ© de lâautorisation, de la co-auctorialitĂ©, du partage de lâinvention du texte.
Uncorporate and Critical graphic design
La critique est aussi le nom dâune qualitĂ© dâattention que le langage peut susciter par le travail de ses matiĂšres dans le sens dâune altĂ©ritĂ©, dâune Ă©trangeté⊠Travailler le texte, fut-il une image, dans le sens dâune critique, câest aussi lâamener Ă un Ă©tat critique, Ă un point de rupture oĂč peut se dĂ©gager une nouveautĂ©, une « diffĂ©rence qui fait la diffĂ©rence ».
Mais une partie du contenu de son travail, fut-il critique, Ă©chappe au graphiste. Le graphiste co-produit le sens finalement Ă©mis. Il peut initier tout ou partie du projet, accepter ou pas la commande qui lui est faite. Mais sa mission consiste, au sens strict, Ă Ă©laborer un texte second de mise en forme qui relaie, accompagne, traduit, un Ă©noncĂ© premier : une programmation de commande qui ne relĂšve pas forcĂ©ment, loin sâen faut, dâun sens critique, dâune dynamique de transformationâŠ
Me vient alors Ă lâesprit lâenseignement passionnant, explicitement intitulĂ© « Critical graphic design », que mĂšnent Vinca Kruk et Thomas BuxĂł Ă lâArtEZ dâArnhem. Une pĂ©dagogie qui propose aux Ă©tudiants de rĂ©flĂ©chir sur une actualitĂ© culturelle, sociologique et politique, non seulement par le moyen du graphisme mais aussi par le choix dâun contenu. Le graphisme comme agent des cultural studies. Et justement, la forme est trĂšs typographique, trĂšs textuelle, trĂšs Ă©ditoriale. Elle sâintĂ©resse Ă la procĂ©dure, Ă lâattitude, au programme. Elle sâimpose de façon souvent abrupte et intrigante. Elle agit plus du cĂŽtĂ© de lâinformation, de la nouveautĂ©, de lâautorisation, que de la redondance, du confort ou de lâautoritĂ©.
Vinca Kruk sâactive Ă©galement aux cĂŽtĂ©s de Daniel van der Velden dans le studio amstellodamois Metahaven, auto-qualifiĂ© de critique, dâuncorporate. Le tandem a rĂ©cemment proposĂ© ses services Ă Wikileaks, nouveau chantre numĂ©rique de la libertĂ© dâexpression, avec une identitĂ© visuelle forte et intelligente, mais qui nâa, pour lâinstant, pas existĂ© Ă ma connaissance au-delĂ des cimaises des expositions de graphisme, des sujets dâĂ©tude scolaires et des confĂ©rences de la corporation.
On peut alors pressentir lâarrivĂ©e de la grosse cavalerie de certains lieux communs de la critique du graphisme, comme les oppositions catĂ©goriques entre art et graphisme, ou question de forme et affaire de contenu⊠Car se pose ici le problĂšme dâun graphisme social ou politique qui nâexiste pas vraiment dans lâespace public et ne rĂ©pond pas Ă une vĂ©ritable commande. Peut-il encore pleinement sâappeler « graphisme » et non pas simplement (et magnifiquement) « art » ? Vient aussi la difficultĂ© de situer prĂ©cisĂ©ment cet outil critique. Faut-il le chercher dans les dispositifs, intelligents dans leur capacitĂ© Ă se lier avec lâautre, Ă susciter son attention, ou plutĂŽt dans les causes servies ou relayĂ©es explicitement ? Enfin les « matiĂšres Ă©ditoriales » choisies par ces projets auto-initiĂ©s ne deviennent-elles pas une partie du langage graphique proprement dit ?
Ces derniĂšres rĂ©flexions me permettent au moins de tenter de rĂ©pondre Ă la question posĂ©e. La dimension critique du graphisme ne peut sans doute sâinstaurer pleinement que dans ses propres rĂ©gimes : dans ses matiĂšres visuelles, ses formes qui sont aussi des pensĂ©es, ses contenus en tant que forme. La responsabilitĂ© Ă©thique et politique du graphiste sâengage avant tout dans cette grammaire plus ou moins formalisĂ©e qui encode son langage. Je ne sais si le graphisme, en tant que tel, est si utile ou Ă sa place pour transmettre quelque chose dâexplicitement critique sur lâĂ©tat du monde⊠Câest parce que certaines pratiques du graphisme peuvent se traduire par des langages amenant un certain mouvement de la perception â langages qui sont capables de mettre en crise certaines reprĂ©sentations, de sâouvrir Ă la prĂ©sence dâun regardeur ou dâun lecteur autorisĂ© Ă les expĂ©rimenter et Ă les inventer en partie â que lâon pourra parler dâoutil critique.
Autrement dit, mĂȘme si on peut espĂ©rer que lâesprit critique des imaginaires puisse rejaillir sur nos rĂ©alitĂ©s Ă©prouvables, le graphisme ne pourra servir dâoutil critique que parce quâil deviendra un graphisme critique.
Is graphic design a critical tool?
When thinking about the notion of critique in terms of graphic design, especially if you grew up in France at the end of the last century, it is perhaps difficult not to instinctively invoke the figures of Pierre Bernard, GĂ©rard Paris-Clavel and the whole Grapus constellation.
In the wake of the pioneers of the discipline from the 1920s, Franceâs libertarian and virulent activists of the 1980s saw graphic design as a vector for potential critique in terms of social contestation, as a judgement associating aesthetics, ethics and politics. They saw it as a proposition capable of transforming societyâs perception and the representations of the status of its inhabitants.
But at the time, no one spoke of critical graphic design. They spoke of avant-gardism and modernity. They spoke of progress, political commitment, and public or social utility. They were not yet discussing critical utility.
To my knowledge, the adjective âcriticalâ used to qualify graphic design appeared more recently, towards 2007, when Zak Kyes launched his curatorial project Forms of Inquiry: The Architecture of Critical Graphic Design.1 It seems to me that through this âcriticalâ qualification the approach to the notion of critique was perhaps displaced: that we are not really saying the same thing about graphic design practices as we are about its representations.
Critical views and public policy
First of all, letâs examine the forebears of combative graphic design. This way of thinking about graphic design as a means of disrupting realities â its own realities, and those of the world â originated as part of the modernist project of the early 20th century: a critical questioning of the established order, aspiring towards bright revolutionary futures.
Clearly, at that time, no one talked about graphic design. Anything to do with scriptural imagery was included in the project for a total artwork, an aestheticisation of life itself. LĂĄszlĂł Moholy-Nagy was able to declare: âthe most modern art is truly a way of lifeâ2 and in this climate, Theo Van Doesburg, El Lissitzky and Hans Richter posed constructivist art as âan organisational method for life in generalâ.3 The construction of the political revolution was first played out on an aesthetic level, as a âlifestyleâ â a way of experiencing things, the social fabric and its organisation.
In the 1980s, particularly in France, through the impetus of the Grapus group, a form of critical protest was found in a mode of graphic design that was then becoming institutionalised, and that was held to be of public or social utility. It was considered to be a harmonising agent that would provide a certain âcommunity perceptionâ, but also a public service that brought a certain disinterested quality â or an interest in the greater good â to this shared visual culture, which was opposed to advertising. This program of âelitism for allâ4 offered citizens a tool for improving perception, for increasing their lucidity and perspicacity. This tool contributed to putting democrats and republicans on their guard, in the hopes that, in keeping with the modernist movement, this rousing ability of the âregime of sensationâ â otherwise known as aesthetics â may have some kind of effect on our ways of thinking about the city.
The writer and the critic
The aestheticisation of everyday life at work in the modern critical imagination was based on the more or less codified figure of the author or hero/herald, the only figure able to offer to an evolving public space a language that was capable of providing a tried and tested inventiveness. Following the Bauhaus tradition, the author was an industrious figure: authors were architects, photographers, typographers and so on. In France, at the time of the Ăcoles de Paris, and the Grapus group, but also the time of a whole poster tradition and a moment of vital expressiveness, the graphic design author was considered to be a kind of heir to the painter, or, as in the case of Massin5 , the filmmakerâs heir. In any case, authors created images.
In popularising the notion of critical graphic design, Zak Kyes suggests a return for our discipline â still suffering from a lack of recognition â to the origins of the authorial figure. Kyes positions himself effectively as a writer-graphic designer. In other words, as a graphic designer who (as the name itself suggests) needs to write his projects: a man of letters, a director, an intellectual etc.6
The effort of writing, pedagogy and explanation, but also the practice of anthologising, of producing graphic novels or sharing an editorial line â in short, the practice of graphic design as writing â became a new way of affirming this discipline as a go-between, as a centre and a (living) environment for intellectual matters, for this overall judgement otherwise known as âcritiqueâ.
Critical graphic designers concern themselves with writing, scripting and analysing their trade: they qualify it, which also means attributing a certain quality to it. In this sense, the role is similar to that of all critics, that is, professionals who are authorised to judge intellectual productions.
By publishing articles on their work, by organising exhibitions about their profession, critical graphic designers thus become commissaires (the very police-related term in French) or curators (the more âsanitaryâ English term), or, at any rate, they adopt the requisite role for assisting in obtaining recognition for the discipline.
Critique of the text and of information
The graphic designer who gives right of citizenship to his or her profession, who explains it, defends it and attributes intellectual and cultural value to it, is reviving 17th century values, in a certain sense. This period witnessed the emergence of the man of letters, who was thenceforth responsible for his writing, and the typographer-printer, who was also often a bookseller â that is, a publisher â another designation, characterising the figure endowed with the right to publish, to make public.
The writer-graphic designer calls for an explicit enhancement of the text, the typography, which we might say represents an autonomous territory of the discipline, a site of consubstantiality between image and text, a historical instrument for the emancipation of peoples and individuals.
As their etymology indicates, editing and publication â which are so dynamic today â
present values of public utility. From its origins, text has been the site of a revolution in access to knowledge, offering transmission, but also discussion, dialogue, memory, controversy and collective intelligence.
Using writing as a means of thinking about graphic design also means thinking about a form of graphic design that is capable of self-analysis. In general terms, criticism reflects the overall task of comprehension: structure, analysis, systems and programmes. Graphic design that is proposed under the aegis of the critical attitude is a form of graphic design that is well thought out, self-reflexive and methodical, which, in the triumphant digital age, sources its strategies from the attitudes that became forms â often highly textual ones â inherited from the conceptual and informational forms of the 1960s and 70s.
Authorial politics
The critic is a special kind of writer â not exactly an author, or in any case, a distanciated one: a mediator, go-between or guide, critics provide a framework. They orientate judgements with respect to content that remains exterior to their role. They comment upon such content. It is quite easy to see the connection to the translator-, interpreter- and sometimes composer-graphic designer, who may imagine themselves to be authors.
In terms of authorial qualities, critics are authority figures entitled to pass appreciations and deliver criteria, the ones who propose values as they make their evaluations. In this role, we find a point of comparison with our graphic designer, who is responsible for collective representations. The graphic designer is related to the artist conjuror (« prestigiditateur »)/praestigiator or juggler that Alexandra Midal spoke of, reminding us of the old common Latin root that made illusionists the specialists of the social charm known as âprestigeâ.7 It is because they are authoritative but also authorised â or seek to be â that we allow graphic designers to grant those who seek it access to prestige, by deciding/appraising â âkrineinâ in Greek covers both verbs â the evocations deemed appropriate. We appreciate what is appreciated. We regard highly what is held in esteemâŠ
However, in texts, the authority associated with the critic also assumes a certain distance. Its authority does not stem from the paternal figure so explicit in the painterâs signature; it is closer to the vital, technical and relational âauthor-functionâ that Michel Foucault describes.8 In accordance with the Greek origins of its name â âkrisisâ: separation â the critic is the one who identifies, attributes and indexes. The one who links a text to presences, intentions and generations. The one who situates it in relation to other texts, genres or regions of history â in terms of history with or without a capital âHâ.
The critic is the authority figure that guides the singular experience of the encounter between a text and a reader, that is, the critic redefines the notion of the author by reworking it. Rather than siding with authority, critics situate this role on the authorisation side, that of co-authoriality, sharing in the invention of the text.
âUncorporateâ and critical graphic design
âCriticalâ is also the name of a an attentive quality that language may give rise to by working its subject matter towards a sense of otherness or strangeness⊠Working on text in a critical sense â even if this âtextâ is in fact an image â also means bringing it to a critical state, a breaking point at which something new or a âdifference that makes all the differenceâ may be identified.
However, even if it is critical, part of the content of their work escapes graphic designers. Graphic designers co-produce the meaning that will ultimately be created. They may initiate all or part of the project, accept or refuse the commission proposed to them. But, in the strictest sense, their mission consists of developing a âsecond textâ in the design elements that relays, guides and translates an initial formulation: a commissioned programming that is not necessarily based on a âcritical senseâ, or a transformative dynamic, far from itâŠ
An exciting course explicitly entitled âCritical graphic designâ, led by Vinca Kruk and Thomas BuxĂł at the ArtEZ in Arnhem, comes to mind. Their pedagogy asks its students to think about current cultural, sociological and political events, not only through graphic design, but also through their choice of content. Graphic design thus acts as an agent of cultural studies. Its approach is very typographical, textual and editorial. It concerns itself with procedures, attitudes and programs. It stands out in an often abrupt and intriguing way.
It actively sides with information, innovation and openness, as opposed to redundancy, complacency or authority.
Vinca Kruk also works with Daniel van der Velden in the Metahaven studio in Amsterdam, which is self-described as critical, as âuncorporateâ. The duo recently offered its services to WikiLeaks, the new digital precentor for freedom of expression. They proposed a strong and intelligent visual identity, which has not as yet existed to my knowledge, beyond the picture rails of design exhibitions, academic study topics and WikiLeaksâs conferences.
We may therefore sense the arrival of the armoured cavalry of certain tropes of graphic design criticism, such as the categorical oppositions between art and design, or questions of form versus content⊠since what is at stake here is the problem of a social or political form of graphic design that does not really exist in public space and does not respond to actual commissions. Can it still be known as purely âgraphic designâ and not simply (and magnificently) as âartâ? Then there is also the difficulty of precisely situating where this critical tool lies. Must we look for it in concepts and systems, intelligent in their ability to connect with others and attract attention, or rather in the causes that are being explicitly served or communicated? Doesnât the âeditorial contentâ chosen by these self-initiated projects become a part of the graphic language itself?
These last remarks allow me to at least attempt to answer the question posed. The critical dimension of graphic design can perhaps only be fully established within its own regimes, within its visual matter: its forms that are also ideas and its content as form. The graphic designerâs ethical and political responsibility is first and foremostly engaged in this more or less formalised grammar that encodes its language. I do not know if graphic design per se is all that useful or has its place in transmitting something explicitly critical about the state of the world⊠It is because certain graphic design practices can be translated by languages that bring about a certain shift in perception that we may speak of a critical tool. Such languages are capable of provoking crises for certain representations, or of opening up to the presence of a spectator or reader that is authorised to experiment with them and partially invent them.
In other words, even if we may hope that the critical spirit of our imaginations may reflect on our lived realities, graphic design can only serve as a critical tool once it has become a critical graphic design.
Translated from the French by Anna Knight
1. See the website http://www.formsofinquiry.com
2. Krisztina Passuth, Moholy-Nagy, Paris, Flammarion, 1984.
3. Theo Van Doesburg, El Lissitzky, Hans Richter, âErklĂ€rung der internationalen Fraktion der Konstruktivisten der ersten internationalen Kongresses des Fortschrittlicher KĂŒnstlerâ, De Stijl, 1922.
4. Antoine Vitez, founder of the ThĂ©Ăątre des Quartiers dâIvry in 1972, provided an âelitist theatre for allâ.
5. âWith the Club Français du Livre, we wanted to introduce into the common book â a static object â the dynamic methods of cinema.â Robert Massin, interview, in Olivier Bessard-Banquy and Christophe Kechroud-Gibassier (dir.), La Typographie du livre français, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2008. Our translation from the French.
6. âFor me, writing is a necessity. I do not claim to be a great writer, but it is through writing that I am able to articulate my ideas. Writing in order to explain your convictions, draw together your own information and assemble content constitutes an attempt to create an autonomy for graphic design that is too often dependent on its clientsâ aspirations.â
Adrian Shaughnessy, âZak Kyes: Graphic Interventionistâ, Ătapes, no 148, September 2007. Our translation from the French.
7. Alexandra Midal, Hocus Pocus: Design Thrilling Stories, mid-length film, 2010.
8. Michel Foucault, Quâest-ce quâun auteur? (1969), Dits et Ă©crits, t. I: 1954-1975, Paris, Gallimard, 1994.
O design grĂĄfico Ă© uma ferramenta crĂtica?
Quando se pensa sobre a noção de crĂtica em termos de design grĂĄfico, especialmente quando se cresceu em França no final do sĂ©culo passado, serĂĄ porventura difĂcil nĂŁo invocar instintivamente as figuras de Pierre Bernard, GĂ©rard Paris-Clavel e toda a constelação Grapus.
No despertar dos pioneiros da disciplina a partir da dĂ©cada de 1920, os activistas libertĂĄrios e violentos da França da dĂ©cada de 1980 viam o design grĂĄfico como um vector para a crĂtica potencial em termos de contestação social, como um julgamento que associava a estĂ©tica, a Ă©tica e a polĂtica. Viam-no como uma proposta capaz de transformar a percepção da sociedade e as representaçÔes do estatuto dos seus habitantes.
Mas na Ă©poca, ninguĂ©m falava de design grĂĄfico crĂtico. Falavam de vanguardismo e modernidade. Falavam de progresso, de compromisso polĂtico e de utilidade pĂșblica ou social. NĂŁo discutiam ainda utilidade crĂtica.
Que eu saiba, o adjectivo « crĂtico » usado para qualificar o design grĂĄfico apareceu mais recentemente, por volta de 2007, quando Zak Kyes lançou o seu projecto curatorial Formas de Investigação: A Arquitectura do Design GrĂĄfico CrĂtico.1 Parece-me que atravĂ©s desta qualificação âcrĂticaâ, a abordagem Ă noção de crĂtica foi talvez deslocada: a de que nĂŁo estamos realmente a dizer a mesma coisa sobre as prĂĄticas de design grĂĄfico como sobre as suas representaçÔes.
Pontos de vista crĂticos e polĂticas pĂșblicas
Em primeiro lugar, vamos examinar os antepassados do design grĂĄfico combativo. Esta forma de pensar sobre o design grĂĄfico como um meio de desmantelar realidades – as suas prĂłprias realidades, e as do mundo – surgiu como parte do projecto modernista do inĂcio do sĂ©culo XX: um questionamento crĂtico da ordem estabelecida, aspirando a um futuro brilhante e revolucionĂĄrio .
Claramente, na Ă©poca, ninguĂ©m falava sobre design grĂĄfico. Tudo o que tivesse a ver com a imagem das escrituras era incluĂdo no projecto de uma obra de arte total, uma estetização da prĂłpria vida. LĂĄszlĂł Moholy-Nagy foi capaz de declarar: « a arte mais moderna Ă© verdadeiramente um modo de vida »2 e neste clima, Theo Van Doesburg, El Lissitzky e Hans Richter colocam a arte construtivista como « um mĂ©todo de organização para a vida em geral ».3 A construção da revolução polĂtica foi inicialmente levada a cabo a um nĂvel estĂ©tico, como um « estilo de vida » – uma forma de experienciar as coisas, o tecido social e a sua organização.
Na dĂ©cada de 1980, particularmente em França, sob o impulso do grupo Grapus, uma forma de protesto crĂtica podia ser encontrada num modo de design grĂĄfico que começava a tornar-se institucionalizado, e que era considerado de utilidade pĂșblica ou social. Era considerado um agente harmonizador, que poderia oferecer uma certa « percepção da comunidade », mas tambĂ©m um serviço pĂșblico que trazia uma certa qualidade desinteressada – ou um interesse para o bem maior – a esta cultura visual compartilhada, que se opunha Ă publicidade. Este programa de « elitismo para todos »4 oferecia aos cidadĂŁos uma ferramenta para melhorar a percepção, para aumentar a sua lucidez e perspicĂĄcia. Esta ferramenta contribuiu para manter democratas e republicanos sob vigilĂąncia, na esperança de que, em consonĂąncia com o movimento modernista, esta capacidade de estimular do « regime da sensação » – tambĂ©m conhecido como estĂ©tica – pudesse ter algum tipo de efeito sobre o nosso modo de pensar a cidade.
O escritor e o crĂtico
A estetização da vida quotidiana que opera na imaginação crĂtica moderna baseou-se na figura mais ou menos codificada do autor ou herĂłi / arauto, a Ășnica figura capaz de oferecer a um espaço pĂșblico em evolução uma linguagem que fosse capaz de fornecer uma experimentada e testada inventividade. Seguindo a tradição Bauhaus, o autor era uma figura laboriosa: os autores eram arquitectos, fotĂłgrafos, tipĂłgrafos e assim por diante. Em França, no tempo das Ăcoles de Paris, e do grupo Grapus, mas tambĂ©m numa altura de uma inteira tradição poster e num momento de expressividade vital, o autor de design grĂĄfico era considerado uma espĂ©cie de herdeiro do pintor, ou , como no caso de Massin5 , herdeiro do cineasta. Em qualquer caso, os autores criavam imagens.
Na popularização da noção de design grĂĄfico crĂtico, Zak Kyes sugere um regresso da nossa disciplina â sofrendo ainda com a falta de reconhecimento – Ă s origens da figura autoral. Kyes posiciona-se efectivamente como um designer escritor-grĂĄfico. Noutras palavras, como um designer grĂĄfico que (como o prĂłprio nome sugere) precisa de escrever os seus projectos: um homem de letras, um realizador, um intelectual, etc.6
O esforço da escrita, da pedagogia e da explicação, mas tambĂ©m a prĂĄtica de antologiar, de produzir novelas grĂĄficas ou partilhar uma linha editorial – em suma, a prĂĄtica do design grĂĄfico como escrita – tornou-se numa nova forma de afirmação desta disciplina como um intermediĂĄrio, como um centro e um ambiente (de vida) para questĂ”es intelectuais, para este julgamento global tambĂ©m conhecido como « crĂtica ».
O designer grĂĄfico crĂtico preocupa-se com escrever, orquestrar e analisar o seu ofĂcio: qualificando-o, o que tambĂ©m significa atribuir-lhe uma certa qualidade. Neste sentido, o seu papel Ă© semelhante ao de todos os crĂticos, ou seja, profissionais que estĂŁo autorizados a avaliar produçÔes intelectuais.
AtravĂ©s da publicação de artigos sobre seu trabalho, da organização de exposiçÔes sobre a sua profissĂŁo, o designer grĂĄfico crĂtico torna-se, assim, num commissaire (um termo em francĂȘs muito associado com a polĂcia) ou curador (o termo inglĂȘs mais « sanitĂĄrio »), ou, de qualquer modo, ele adopta o papel necessĂĄrio para auxiliar na obtenção de reconhecimento para a disciplina.
CrĂtica do texto e da informação
O designer grĂĄfico que dĂĄ direito de cidadania Ă sua profissĂŁo, que a explica, defende e lhe atribui valor intelectual e cultural, estĂĄ, num certo sentido, a recuperar os valores do sĂ©culo XVII. Este perĂodo testemunhou o surgimento do homem de letras, que foi desde entĂŁo responsĂĄvel pela sua escrita, e do tipĂłgrafo-impressor, que, muitas vezes, era tambĂ©m livreiro – ou seja, um editor – uma outra designação, caracterizando a figura contemplada com o direito de publicar, de tornar pĂșblico.
O designer escritor-grĂĄfico convoca um explĂcito aperfeiçoamento do texto, a tipografia, que poderĂamos dizer que representa um territĂłrio autĂłnomo da disciplina, um ponto de consubstancialidade entre imagem e texto, um instrumento histĂłrico para a emancipação dos povos e dos indivĂduos.
Como a sua etimologia indica, edição e publicação – que sĂŁo tĂŁo dinĂąmicas hoje em dia –
apresentam valores de utilidade pĂșblica. Desde as suas origens, o texto tem sido o local de uma revolução no acesso ao conhecimento, oferecendo transmissĂŁo, mas tambĂ©m discussĂŁo, diĂĄlogo, memĂłria, controvĂ©rsia e inteligĂȘncia colectiva.
Usando a escrita como um meio de pensar sobre o design grĂĄfico tambĂ©m significa pensar numa forma de design grĂĄfico que Ă© capaz de auto-anĂĄlise. Em termos gerais, a crĂtica reflecte a tarefa global de compreensĂŁo: estrutura, anĂĄlise, sistemas e programas. O design grĂĄfico que Ă© proposto sob a Ă©gide da atitude crĂtica Ă© uma forma de design grĂĄfico que Ă© bem pensado, auto-reflexivo e metĂłdico que, na era digital triunfante, potencia as suas estratĂ©gias a partir das atitudes que se tornaram formas – muitas vezes altamente textuais – herdadas da formas conceptuais e informativas das dĂ©cadas de 1960 e 70.
PolĂticas autorais
O crĂtico Ă© um tipo de escritor especial – nĂŁo exactamente um autor, ou em qualquer caso, um autor distanciado: um mediador, intermediĂĄrio ou guia, o crĂtico fornece um quadro. Orienta uma avaliação em relação ao conteĂșdo que permanece exterior ao seu papel. Comenta sobre o conteĂșdo em questĂŁo. Ă muito fĂĄcil ver a conexĂŁo com o tradutor, o intĂ©rprete e, por vezes, com o designer compositor-grĂĄfico, que pode imaginar-se um autor.
Em termos de qualidades do autor, o crĂtico Ă© uma figura de autoridade com o direito de fazer apreciaçÔes e enunciar critĂ©rios, aquele que propĂ”e valores Ă medida que faz as suas avaliaçÔes. Neste papel, encontramos um ponto de comparação com o nosso designer grĂĄfico, que Ă© responsĂĄvel por representaçÔes colectivas. O designer grĂĄfico Ă© aparentado com o artista prestidigitador ou malabarista de que Alexandra Midal falava, lembrando-nos da raiz comum em latim que fez dos ilusionistas especialistas do charme social conhecido como « prestĂgio ».7 Ă por ser autoritĂĄrio, mas tambĂ©m autorizado – ou procura ser – que permitimos aos designers grĂĄficos que concedam Ă queles que o buscam o acesso ao prestĂgio, ao decidir / avaliar – « krinein » em grego abarca ambos os verbos – as evocaçÔes consideradas adequadas. NĂłs apreciamos o que Ă© apreciado. Consideramos de valor o que Ă© tido em alta estima …
No entanto, nos textos, a autoridade associada com o crĂtico tambĂ©m assume uma certa distĂąncia. A sua autoridade nĂŁo provĂ©m da figura paternal tĂŁo explĂcita na assinatura do pintor; Ă© mais perto do « autor-função » vital, tĂ©cnico e relacional que Michel Foucault descreve.8 De acordo com a origem grega do seu nome – « krisis » : separação – o crĂtico Ă© aquele que identifica, atribui e classifica. Aquele que liga um texto a presenças, a intençÔes e a geraçÔes. Aquele que o situa em relação a outros textos, gĂ©neros e regiĂ”es da histĂłria – em termos de histĂłria, com ou sem ‘H’ maiĂșsculo.
O crĂtico Ă© a figura de autoridade que orienta a experiĂȘncia singular do encontro entre um texto e um leitor, ou seja, o crĂtico redefine a noção de autor ao a redesenhar. Ao invĂ©s de se aliar com a autoridade, os crĂticos situam este papel do lado da autorização, o da co-autoridade, compartilhando na invenção do texto.
« NĂŁo-corporativo » e design grĂĄfico crĂtico
« CrĂtico » Ă© tambĂ©m o nome de uma qualidade atenta a que a linguagem pode dar origem se trabalhar o seu assunto para um sentido de alteridade ou estranheza … Trabalhar em texto num sentido crĂtico – mesmo que este ‘texto’ seja, de facto, uma imagem – tambĂ©m significa trazĂȘ-lo a um estado crĂtico, um ponto de ruptura em que algo novo ou uma « diferença que faz toda a diferença » possa ser identificada.
No entanto, mesmo que seja crĂtico, parte do conteĂșdo do seu trabalho escapa ao designer grĂĄfico. O designer grĂĄfico co-produz o significado que acabarĂĄ por ser criado. Ele pode iniciar todo ou uma parte do projecto, aceitar ou recusar a comissĂŁo que lhe Ă© proposta. Mas, no sentido mais estrito, a sua missĂŁo consiste em desenvolver um « segundo texto » nos elementos do design que transmite, guia e traduz numa formulação inicial: uma programação comissionada que nĂŁo Ă© necessariamente baseada num « sentido crĂtico », ou numa dinĂąmica transformadora, longe disso …
Um curso estimulante e explicitamente intitulado « Design GrĂĄfico CrĂtico », conduzido por Vinca Kruk e Thomas Buxo na ArtEZ em Arnhem, vem Ă memĂłria. A sua pedagogia pede aos seus alunos que pensem em eventos da actualidade cultural, sociolĂłgica e polĂtica, nĂŁo sĂł atravĂ©s do design grĂĄfico, mas tambĂ©m atravĂ©s da sua escolha de conteĂșdo. O design grĂĄfico age, assim, como um agente de estudos culturais. A sua abordagem Ă© muito tipogrĂĄfica, textual e editorial. Preocupa-se com procedimentos, atitudes e programas. Destaca-se de uma forma muitas vezes abrupta e intrigante. Posiciona-se activamente do lado da inovação, informação e transparĂȘncia, em oposição Ă redundĂąncia, complacĂȘncia ou autoridade.
Vinca Kruk tambĂ©m trabalha com Daniel van der Velden no estĂșdio Metahaven em AmesterdĂŁo, que Ă© auto-descrito como crĂtico, como « nĂŁo-corporativo ». Recentemente, a dupla ofereceu seus serviços Ă WikiLeaks, o novo chantre digital para a liberdade de expressĂŁo. Propuseram uma identidade visual forte e inteligente que, tanto quando sei, ainda nĂŁo existia, para alĂ©m dos trilhos de imagem de exposiçÔes de design, tĂłpicos de estudo acadĂ©mico e conferĂȘncias da WikiLeaks.
Podemos, portanto, sentir a chegada da cavalaria blindada de certos tropos da crĂtica do design grĂĄfico, tais como as oposiçÔes categĂłricas entre arte e design, ou questĂ”es de forma versus conteĂșdo … jĂĄ que o que estĂĄ em aqui jogo Ă© o problema de uma forma social ou polĂtica de design grĂĄfico que nĂŁo existe realmente no espaço pĂșblico e nĂŁo responde a comissĂ”es reais. Pode ser ainda conhecido puramente como « design grĂĄfico », e nĂŁo simplesmente (e magnificamente) como « arte »? Para alĂ©m disso, hĂĄ tambĂ©m a dificuldade em situar exactamente esta ferramenta crĂtica. Devemos procurĂĄ-la em conceitos e sistemas, inteligentes na suas capacidades em conectar com outros e atrair atenção, ou entĂŁo, nas causas que estĂŁo a ser explicitamente servidas e comunicadas? O « conteĂșdo editorial » escolhido por estes projectos auto-iniciados nĂŁo se tornam numa parte da linguagem grĂĄfica em si?
Estas Ășltimas observaçÔes permitem-me, pelo menos, tentar dar uma resposta Ă questĂŁo colocada. A dimensĂŁo crĂtica do design grĂĄfico sĂł pode, talvez, ser plenamente estabelecida dentro dos seus prĂłprios regimes, dentro de sua matĂ©ria visual: as suas formas, que tambĂ©m sĂŁo ideias, e os seu conteĂșdos como forma. As responsabilidades Ă©ticas e polĂticas do designer grĂĄfico estĂŁo primeiro, e sobretudo, envolvidas nesta gramĂĄtica mais ou menos formalizada, que codifica a sua linguagem. NĂŁo sei se o design grĂĄfico, por si sĂł , Ă© Ăștil ou se tem o seu lugar na transmissĂŁo de algo explicitamente crĂtico sobre o estado do mundo … Ă por certas prĂĄticas do design grĂĄfico poderem ser traduzidas por linguagens que provocam uma certa mudança de percepção, que podemos falar de uma ferramenta crĂtica. Tais linguagens sĂŁo capazes de provocar crises para certas representaçÔes, ou de se abrirem para a presença de um espectador ou leitor que estĂĄ autorizado a experimentar com elas e, parcialmente, inventĂĄ-las.
Noutras palavras, mesmo que esperemos que o espĂrito crĂtico das nossas imaginaçÔes se possa reflectir nas nossas realidades vividas, o design grĂĄfico sĂł pode servir como uma ferramenta crĂtica, quando se tornar num design grĂĄfico crĂtico.
1. Ver o sĂtio: http://www.formsofinquiry.com
2. Krisztina Passuth, Moholy-Nagy, Paris, Flammarion, 1984.
3. Theo Van Doesburg, El Lissitzky, Hans Richter, âErklĂ€rung der internationalen Fraktion der Konstruktivisten der ersten internationalen Kongresses des Fortschrittlicher KĂŒnstlerâ, De Stijl, 1922.
4. Antoine Vitez, fundador do ThĂ©Ăątre des Quartiers dâIvry em 1972, apresentava um âteatro elitista para todosâ.
5. âCom o Club Français du Livre, pretendĂamos introduzir no livro comum â um objecto estĂĄtico â os mĂ©todos dinĂąmicos do cinema.â Robert Massin, entrevista, em Olivier Bessard-Banquy e Christophe Kechroud-Gibassier (dir.), La Typographie du livre français, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2008. (Tradução feita a partir do inglĂȘs.)
6. âPara mim, escrever Ă© uma necessidade. NĂŁo me afirmo como um grande escritor, mas Ă© atravĂ©s da escrita que me sinto capaz de expressar as minhas ideias. Escrever para explicar as nossas ideias, reunir a nossa prĂłpria informação e agregar conteĂșdos constitui uma tentativa em criar uma autonomia para o design grĂĄfico que Ă© tantas vezes dependente das aspiraçÔes dos seus clientes.â
Adrian Shaughnessy, âZak Kyes: Intervencionismo GrĂĄficoâ, Ătapes, no 148, Setembro 2007. (Tradução feita a partir do inglĂȘs.)
7. Alexandra Midal, Hocus Pocus: Design Thrilling Stories, filme de média-metragem, 2010.
8. Michel Foucault, Quâest-ce quâun auteur? (1969), Dits et Ă©crits, t. I: 1954-1975, Paris, Gallimard, 1994.
- Voir le site Forms of Inquiry. [↩]
- Krisztina Passuth, Moholy-Nagy, Paris, Flammarion, 1984. [↩]
- Theo Van Doesburg, El Lissitzky, Hans Richter, ErklĂ€rung der internationalen Fraktion der Konstruktivisten der ersten internationalen Kongresses des Fortschrittlicher KĂŒnstler, De Stijl, no XXX, 1922. [↩]
- Antoine Vitez, fondateur en 1972 du thĂ©Ăątre des Quartiers dâIvry, propose un « thĂ©Ăątre Ă©litaire pour tous » en citant Friedrich von Schiller, Lettres sur lâĂ©ducation esthĂ©tique de lâhomme (1795), trad. Fr. Paris, Aubier, 1992. [↩]
- « Avec le Club français du livre, on a voulu introduire dans le livre courant, objet statique, les mĂ©thodes dynamiques du cinĂ©ma ». Robert Massin, entretien, dans Olivier Bessard-Banquy et Christophe Kechroud-Gibassier (dir.), La Typographie du livre français, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2008. [↩]
- « Ăcrire est pour moi une nĂ©cessitĂ©. Je ne prĂ©tends pas ĂȘtre un grand Ă©crivain, mais câest Ă travers lâĂ©criture que jâarrive Ă articuler mes idĂ©es. Ăcrire pour expliquer ses convictions, rĂ©unir ses propres informations et assembler le contenu sont des tentatives pour crĂ©er une autonomie pour le graphisme qui est trop souvent dĂ©pendante des aspirations des clients. »
Adrian Shaughnessy, « Zak Kyes: Graphic Interventionist », Ă©tapes, no 148, septembre 2007. [↩] - Alexandra Midal Hocus Pocus : Design Thrilling Stories, moyen mĂ©trage, 2010. [↩]
- Michel Foucault, Quâest-ce quâun auteur ? (1969), Dits et Ă©crits, t. I : 1954-1975, Paris, Gallimard, 1994. [↩]