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La machine Ă  lire

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Randall McLeod, The McLeod Portable Collator (image Uni. of Toronto) - une machine qui permet de ne plus hiérarchiser la lecture, mais de permettre au contraire une globalité de lectures.

Oulipo Compendium, divers autographes (image P.Kaeser, merci)

Harry Matthews, Alastair Brotchie, Oulipo Compendium, 2005 / Oulipo Compendium (Atlas Archive), 1998

Harry Matthews, Alastair Brotchie, Oulipo Compendium, 2005 / Oulipo Compendium (Atlas Archive), 1998

Daniel Liebeskind, The Reading Machine (c.1985)

La machine Ă  lire Impressions d'Afrique (image Paolo Albani)

Bizarre spécial Raymond Roussel

Agostino Ramelli, Le diverse e artificiose machine dell' capitano Agostino Ramelli, c.1588

Daniel Liebeskind, The Memory Machine, c.1985

André Maurois, La machine à lire les pensées

Merci Ă  Hidden Noise de nous rappeler l’existence oulipienne des machines Ă  lire (in The Oulipo Compendium 1998 puis 2005). La toute première de ces extravagantes constructions est pourtant Ă  mettre au crĂ©dit de l’italien Agostino Ramelli et permettait de lire plusieurs livres Ă  la fois grâce Ă  un système de roue infernale.
Système que l’architecte Daniel Liebeskind a revisitĂ© Ă  l’identique pour la Biennale vĂ©nitienne de 1985, rendant ainsi un hommage oblique aux passions inventrices de la Renaissance, mais aussi Ă  l’esprit surrĂ©aliste de Raymond Roussel qui avait imaginĂ© une machine pour lire Impressions d’Afrique (la machine fut construire par Jacques Brunius et prĂ©sentĂ©e Ă  l’exposition surrĂ©aliste de 1937, il n’en reste aucune trace).
 

Liebeskind a aussi fabriquĂ© deux autres machines; l’une The Writing Machine, l’autre, The Memory Machine: une interprĂ©tation du Théâtre de la MĂ©moire de Giulio Camillo, imaginĂ© au XVIe siècle pour permettre Ă  n’importe quel homme de pouvoir user des meilleurs arguments grâce Ă  une imagination magiquement activĂ©e par une construction scĂ©nique aux degrĂ©s Ă©vocateurs.
 

Ces machines conceptuelles qui ne sont pas sans rappeler l’esprit de bricolage, donc de montage, propre aux surrĂ©alistes mais aussi Ă  ce que toute l’avant-garde des annĂ©s 10-20 compte d’afficionados de la citation et de la rĂ©utilisation, ces machines donc, dĂ©montrent Ă  quel point le collage et l’assemblage sont aussi des moyens de fabriquer ces scènes de mĂ©moire et de lecture du XXe siècle.

Rodney Graham, Machine for Reading Lenz, 1983-93 (© Rodney Graham)

Texte et Relief, la machine à lire portable, Lyris®

Visiole, la machine à lire, Lector®

Scènes qui devront se lire puis se relire et encore se relire, imitant l’esprit de boucle qui prĂ©side au fonctionnement de la Machine Ă  Lire de Roussel ou Ramelli. Mais qui renvoie Ă©galement Ă  l’esprit loopien de Rodney Graham et son projet de Machine Ă  Lire Lenz (1983-93). Comme l’Ă©crit Steven Harris (en v.o.):

« In Lenz of 1983, for instance, Graham appropriated an unfinished novella by Georg BĂĽchner in which the mentally unstable protagonist, Lenz, wanders through a forest. The artist reset the type on pages one to two and on pages five to six of an English translation of the story, to set up a situation in which the page breaks at the same phrase ‘through/the forest’, which establishes a loop whose effect is to cause Lenz to endlessly repeat his journey by returning from page five to page two; in 1993, Graham had a reading machine constructed for this version of the text to facilitate the repetition, and the hardcover version of the 1983 work was a book bound with eighty-three repetitions of these pages, which in principle can be continued forever.»

L’esprit poĂ©tico-conceptuelle de ces machines rejoindra un temps la science-fiction d’un roman de Maurois publiĂ© en 1937. La Machine Ă  lire les pensĂ©es est une trame extraordinaire oĂą le professeur Dumouhn retrace l’histoire du psychographe, machine qui rappelle incidemment le terme de psychographie inventĂ© par le spirite Allan Kardec en 1861. Une mĂ©thode d’Ă©criture sans doute dĂ©tournĂ©e dans sa version plus automatique par les surrĂ©alistes puis par Max Ernst avec ses frottages oĂą un crayon transfère alĂ©atoirement sur une feuille de papier les marques apparentes d’un plancher ou de toute autre surface texturĂ©e.
 

Ironiquement, la science-fiction d’un Maurois devient maintenant rĂ©alitĂ© avec des machines dont l’aspect obsolète ne doit pas masquer leur intĂ©rĂŞt certain de frottement sonore. Ainsi les machines Ă  lire de Texte & Relief comme Sonorel®: qui lit tous types de documents dactylographiĂ©s, fabrique des Ă©tiquettes vocales, etc. Ou encore le modèle Lyris® Ă  synthèse vocale (voix de Bruno ou de Julie) et qui tourne aussi les pages comme un livre. Sans oublier le summum poĂ©tique de cette accumulation technique: Lector. Un simple branchement Ă  une prise Ă©lectrique vous permet d’entendre deux voix comparables Ă  une prononciation humaine (Virginie et SĂ©bastien cette fois). Des inventions machinesques qui seront explorĂ©es par officeabc dans ses prochains projets… mais nous en reparlerons.
 

De ces machines pour dĂ©ficients visuels, on peut se demander une seule chose. Comment font-elles pour lire des images? Quel langage pourrait se mettre en place qui traduirait les signes autres que typographiques? De la lecture multiple et incessante, Ă  la lecture mĂ©morielle ou sonore, c’est au jeu du va-et-vient de l’histoire des modes de lectures que nous pouvons nous adonner avec dĂ©lice…

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