Bastien Aubry et Dimitri Broquard cultivent ce vieux goût de la « plasticité » dans ce sens, peut être moderniste, dont Dominique Château a pu faire la généalogie. Un art du modelage et du vivant qui s’étendrait des disciplines sculpturales ou céramiques à l’ensemble des arts dits plastiques. Une façon de redéfinir la vocation des arts du dessin à la clôture, à la maîtrise organique, par une pensée dynamique du façonnage devenu mise en tension contradictoire de la matière et de ses résistance par l’action du geste, des outils et de l’esprit.
À l’opposé de la « belle plastique » toute empêtrée dans la conformité à d’hypothétiques modèles canoniques, Bastien Aubry et Dimitri Broquard développent tout un répertoire joueur de formes incertaines qui renvoient autant à la plastique molle de Jean Arp qu’à de déceptifs ratés, et sans doute encore plus à un goût de la régression jouissive : de la manipulation de la pâte primordiale plus ou moins honteuse pour elle-même.
Pour autant Bastien Aubry et Dimitri Broquard sont suisses et de surcroît zurichois. Leur approche de la typographie semble de plus en plus vouloir tendre vers le pragmatique, le modeste et l’accueillant.