Building paris, c’est le nom qu’ont choisi Guillaume Grall et Benoît Santiard pour partager leur intérêt pour les espaces construits entre deux et trois dimensions. Une plateforme sensible à l’architecture, à la façon de la qualifier, de la médiatiser mais aussi de l’habiter, avec un sens de l’énergie et de la légèreté du vivre ensemble qui rappelle qu’ils furent des membres très actifs du regretté Club des Chevreuils.
À Chaumont, ils animaient récemment l’atelier Building Playground, un espace-temps d’une semaine entre terrain de jeu et cour de récréation, partagé avec un groupe d’étudiants et leurs stagiaires du moment, Luc de Fouquet et Quentin Schmerber.
En référence à toute une scène de réappropriation plus ou moins sauvage, sportive, artistique et drolatique de l’espace urbain, passant par l’Anthologie des aires de jeu artistiques de Vincent Romagny, le travail photographique de Richard Giiligan, les installations de Gwenaël le Chapelain, Harmen de Hoop, Jacques Julien ou Pontus Alv, ils proposaient un protocole drastique programmant une entreprise d’expérimentation et de reconstruction de l’espace d’une ville comprise comme le plus beau des terrains de jeu.
Les étudiants devaient former trois équipes P, L et A, repérées par un tee-shirt aux couleurs voyantes. Selon les rites en vigueurs dans ces groupes où « il faut savoir sauter », un coach Y était nommé chaque matin.
Chaque jour, les équipes inventaient et construisaient un terrain de basket dans un nouveau site, avec de nouvelles formes de surface, de panier, et des règles de jeu réinventées. Puis chaque journée se concluait avec un nouveau tournoi.
À la fin d’une semaine improductive et divertissante engageant les corps dans le vertige d’une action soumise au régime incertain de l’événement, des capacités de création et de coopération de chacun, et d’une règle commune sans cesse négociée, les documentations des inventions mobilières et des performances sportives venaient constituer un petit cahier modeste et jouissif.