Françoise Goria s’intéresse à la façon dont, dans l’espace muséal ou celui de l’édition, on peut rapprocher physiquement et intellectuellement les images, créant un sens qui n’est présent dans aucune des images isolément, pour paraphraser Jean Mitry, mais avec une temporalité dilatée et sans cesse réactualisable qui n’est pas celle du montage cinématographique. Comment on peut faire jouer les intervalles et les approches entre les images.
Ce que Georges Didi huberman appelle voir l’entre ou entrevoir et activer une dialectique proliférante à propos de l’Atlas Mnemosyme d’Aby Warburg ou de l’ABC de la guerre de Bertolt Brecht. Ce qui n’est pas sans rappeler le jeu d’associations et de dissociations, de conjonctions et de disjonctions propres au vertige de la liste et à la sérendipité, cette errance de proche en proche et de lien en lien sur l’espace complexe de la toile. Une dispersion donc, mais, pour rappeler le mot de Maurice Blanchot à propos de Brecht : « une dispersion qui aurait trouvé sa forme »…
Illustration : Picture editing #1, 2009, graphisme Catherine Guiral