Sarah kremer vient de présenter son diplôme questionnant le temps de la lecture. Elle a notamment réalisé avec Emmanuel Martinet cette étonnante proposition éditoriale épistolaire Avis de passage / Lettre à un jeune poète.
Il s’agit selon ses propres termes de traiter un :
« texte de Rilke [qui] pose lettre après lettre des conseils et des réponses à un jeune poète qui le sollicite. Il a été rédigé, envoyé et lu sur une durée de plusieurs mois.
Pour ce projet, on a cherché à faire du moment de la lecture une sorte de mise en action et de mise en temps du texte, pour créer un parallèle entre la lecture première du texte par le jeune poète et celle faite par le lecteur aujourd’hui. L’idée de partage et d’échange d’un texte entre lecteurs a aussi été fondamentale.
Les dix lettres, qui dans l’édition originale s’enchaînent, sont dissociées en 10 fragments. Les fragments sont numérotés, les numéros pairs reviennent à un premier lecteur, les numéros impairs à un second.
Le lecture n°1 est brutalement stoppĂ©e dans son avancĂ©e par l’arrivĂ©e d’une tâche d’encre, « accidentelle ». Elle est accompagnĂ© d’un petit symbole plus « didactique », appartenant Ă l’univers visuel de la poste, qui est le signe pour le lecteur n°1 d’ajouter sur l’enveloppe un timbre, d’y Ă©crire l’adresse du lecteur n°2, et de lui envoyer le recueil de lettres dont l’épaisseur correspond Ă l’état d’avancement de la lecture.
Le lecteur n°2, qui a en sa possession le texte qui manquait pour finir la lecture de la première lettre (cette « redite » est imprimĂ©e sur le papier bleu), ainsi que la deuxième lettre, continue la lecture. Brutalement stoppĂ© dans sa lecture, c’est Ă son tour de renvoyer au lecteur n°1 le recueil en version lĂ©gèrement augmentĂ©e en attendant la suite. Et ainsi de suite pendant 10 envois…L’enveloppe qui devient la couverture de ce « livre » devient le tĂ©moignage de l’échange entre les deux lecteurs. Elle porte les traces des Ă©preuves de la lecture et du transport. »
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