En Mai dernier, officeabc était en workshop au Strelka Institute de Moscou sous l’égide de Manystuff. Je ne résiste pas à la joie de vous faire part de leurs notes de voyage…
« Nous avons donnĂ©, au Strelka Institute, un workshop avec des Ă©tudiants qui n’Ă©taient pas des graphistes. Nous Ă©tions avec des architectes, des cinĂ©astes, des journalistes et c’est justement la confrontation avec ces autres champs de disciplines autonomes qui a permit un Ă©change fructueux et critique dans un cadre de recherches liĂ© Ă ce jeune institut russe mis en place par Rem Koolhaas.
Le workshop a tournĂ© autour de la notion de sensorium et de film. L’Ă©tymologie grecque du mot sensorium, aistheterion, dĂ©crit le lieu de toutes les sensations. Aristote le prĂ©sente comme la rĂ©gion du cerveau centralisant les donnĂ©es en provenance de tous les sens.
Pour nous, le cinĂ©ma (auquel nous sommes très attachĂ©s pour les liens obliques qu’il entretient avec le graphisme) peut aussi ĂŞtre compris comme un sensorium. Une sorte d’organe physique et virtuel de sensations. Jean Epstein le dĂ©crit comme une « machine hypnotique », une machine-Ă -hypnose, entre le rĂŞve, le sommeil et l’attention. Soudain quand le gĂ©nĂ©rique dĂ©marre ou se termine, est-on de retour dans le rĂ©el ?
Nous voulions donc aussi travailler avec la forme et la fonction du gĂ©nĂ©rique de fin au cinĂ©ma. Encore une fois l’Ă©tymologie est intĂ©ressante. Le mot vient du latin « genere », qui veut dire crĂ©er. C’est aussi une liste. Qui arrive Ă la fin. La fin comme un dĂ©but Ă ce workshop.
Les Ă©tudiants devaient baser leurs recherches sur l’invention d’une grammaire visuelle de sensations liĂ©e Ă la mĂ©gapole moscovite. Ou comment inventer des signes, oser des confrontations et faire de la recherche une forme, au travers notamment de livres-scenarii. Des affiches format cinĂ©ma traduisaient ensuite leurs impressions de Moscou comme lieu-miroir de leurs scènes de films prĂ©fĂ©rĂ©es. »
Catherine Guiral et Brice Domingues