Le détail en typographie, c’est bien sûr le livret indispensable de Jost Hochuli dont on doit saluer l’édition récente, en français par les éditions B42. Ce petit opus s’intéresse explicitement aux subtilités microtypographiques capables d’améliorer la lisibilité d’un texte. Comment le travail du caractère, de l’espace, de la ligne, de l’interlignage, de la colonne… peut participer à la transparence de la forme textuelle toute entière concentrée dans sa mise au service de son contenu.
Le détail en typographie c’est aussi la façon d’articuler macro-typographiquement les titres, les images, les folios, les légendes, les titres courants, les blocs-texte… avec un raffinement consommé. Une qualité des rapports plastiques des pleins et des vides qui composent l’espace de la page et de la double page. Une subtilité de la séquence des matières, au sens large, qui structurent le montage d’un imprimé. Raffinement perceptif dont on peut espérer qu’il confère une certaine qualité d’attention à l’examen de son contenu voire au contenu lui-même (illustrations 1 à 3, Pylône magazine n°7 par Salut public, 2010).
Le détail en typographie c’est enfin une subtilité des mises en œuvre typographiques qui délivre, en sous-main, sous des dehors très neutres, de subtiles métaphores, ou un discours auto-réflexif pénétrant. Il en va ainsi du traitement remarquable des dialogues de la revue n+1 publiée par l’École Supérieure d’art et de Design de Saint Étienne gérée graphiquement par Aurore Chassé et Romain Dumas (illustrations 4 à 7).
C’est ici l’incarnation typographique de la performance du dialogue, – question centrale de la typographie, cet art de la double substitution, d’abord de l’oralité, puis de l’écriture — qui se déploie dans les échos des paragraphes. Car les découverts de fin de texte attribué à l’un des locuteurs se justifient discrètement sur les retraits du début du bloc texte transcrivant la parole ou l’écrit de l’autre « locuteur ». Le statut des instances d’énonciation se joue alors dans le relais des justifications.