Plus encore qu’agir le réel et ce qu’on peut en rencontrer, en manipuler, en com-prendre ; rendre le corps, le temps et l’espace plus tangibles, plus denses, plus tendus, plus urgents : plus sensibles et y compris dans leur fragilité… Tel paraît souvent être l’enjeu des performances tragicomiques de Claude Cattelain.
Faire rentrer en lévitation des parpaings, remplir des bacs d’eau alors qu’on tente de les maintenir en quelque sorte à bout de bras, construire des colonnes en partant du plafond, élever d’incertaines structures de bois par simple empilement avec l’énergie disponible et pas infinie du corps.
Toute une dialectique, c’est à dire aussi une lutte, de l’équilibre sommaire de la construction et de l’entropie de l’effondrement, de la chute et de la lévitation. Une dramatique de l’érection fugitive et de la chute assurée. Une mécanique corporelle entre danse, théâtre et sculpture qui doit être documentée en photographie ou en vidéo pour survivre, hors-site, à l’éphémère de son action. Une pratique tragique et drôle de la figure impossible. Un petit théâtre de l’échec et du recommencement jusqu’à épuisement…