La Triennale du design de Milan qui réunit en ce moment le gratin du graphisme européen dans l’exposition Graphic design worlds est le théâtre d’une nouvelle démonstration d’engagement de la part du studio Metahaven.
Entre la figure du bras armé du capitalisme tardif défendue par Hal Foster, et ce designer de l’utopie proposé par Alexandra Midal, Daniel Van der Velden et Vinca Kruk mettent leur sens de l’événement, de la causticité et de l’uncorporate identity au service des valeurs de démocratie horizontale, de transparence radicale et d’émancipation numérique défendues par Wikileaks.
Du point de vue français, rompu aux thèses de l’utilité publique du graphisme, l’intégrité ou l’efficacité de cet exercice d’écriture commune enfin dédiée à un acteur décisif des combats politiques du moment, mais qui ne se rencontrerait qu’au travers des conférences ou des cimaises des institutions spécialisées, peut interroger.
Mais, entre posture et imposture, la plasticité et l’inventivité formelle proprement incroyables de ces productions peut, peut être, nous convaincre que la responsabilité sociale et politique du graphiste est avant tout engagée dans le traitement de la forme. Dans son étrangeté, son intrigue, sa bizarrerie… cette imprédictibilité que Claude Shannon et Warren Weaver appellent information… et que, de ce point de vue là , celui de « la différence qui fait la différence », Metahaven réalise pleinement son pari…