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C’est par le très conceptuel déplacement « d’un contenu vers une forme » que François Aubart définit la politique graphique de Coline Sunier et Charles Mazé pour la revue 2.0.1. Et l’on sait que le tandem basé à Bruxelles aime pour cette revue universitaire à épouser très scrupuleusement la maquette d’un livre pré-existant dont la thématique « entretient des relations » avec celle choisie pour chaque nouvelle édition. L’idée qu’à l’image des textes scientifiques et distants d’historiens de l’art universitaires et scrupuleux, les graphistes se penchent sur l’histoire du livre et tentent d’en épouser le plus objectivement les contours. La métaphore typologique par la réactivation. Les stratégies anti-autoritaires de la simulation et de la désignation, de l’effacement derrière un protocole et une forme préexistante…
Pour sa quatrième mouture c’est presque en hommage au parti bibliophile et classificatoire des graphistes, en tous cas aux focalisations de cette équipe de graphistes et d’universitaires – dont on sait qu’elle anime aussi les éditions bien nommées Books Art and Texts – que la revue s’intéresse aux rapports de l’art et de la bibliothèque. Une quatrième édition qui va naviguer entre la référence du livre le plus ancien et tangible qui soit — dans la temporalité XIe et XXe définie par la revue – les Archives du bibliophile, ou Bulletin de l’amateur de livres et du libraire de 1860 – avec frontispices ornés, gravures, elzévirs et effets de centrement– et sa traduction la plus actuelle et informationnelle : la numérisation Google Books.
La revue se présente donc en tirage limité sous la forme de petits livrets dans le format original, mais présente les accidents des obligés bruits à la captation et à la restitution numérique amenant décalages, bouchage et autres altérations des formes. Autrement dit, rappelant que toute facture, fut-elle similaire, est aussi une réinvention…
Les interventions d’artistes invités qui amènent, dans le jeu très réglé de la revue, une ouverture manifeste vis-à -vis du respect obligé de la source, poursuivent ce jeu digital du matériel et du virtuel. Entre écart et écho, Yann Sérandour intègre des scans de fragments de sa bibliothèque idéale. Conny Purtill prélève deux pages de la revue qui ne seront accessible qu’en ligne… Enfin une série très limitée de reliure des livrets restituant, dans des formes académiques du dos carré tissu, une forme originale potentielle de la source XIXe est réalisée par Florence Aknin (illustrations).
J’apprends avec joie que Florence reprend du service!