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En langage maritime, l’appareillage dĂ©signe l’ensemble des manĹ“uvres nĂ©cessaires pour prendre la mer, c’est-Ă -dire quitter son mouillage ou son poste Ă quai et partir vers de nouvelles aventures, pourquoi pas, vers la dĂ©couverte de nouvelles voies, de nouveaux continents…
L’équipement d’un navire consiste à le doter d’un ensemble de matériels et d’appareils en vue de réaliser certaines actions, de garantir certaines fonctions.
L’appareil, du latin apparare préparer, est un assemblage cohérent, une structure, un organisme visant à un certain fonctionnement, ayant une certaine cohérence.
En aviation, un aéronef est aussi un appareil.
Une Ĺ“uvre graphique ou visuelle est, elle aussi, un genre d’appareil, conçu en fonction de certains objectifs de service — la dĂ©coration, l’hommage, la notoriĂ©tĂ©, la dĂ©monstration, la dĂ©couverte, le rĂŞve, la libĂ©ration… Cet appareil est lui-mĂŞme dotĂ© d’un Ă©quipement complexe. L’ensemble des structures qui mettent l’œuvre en exergue, l’expliquent, la dĂ©montrent, ses hors-textes, ses seuils, ses dispositifs d’élucidation ou de mĂ©diation, cartels, textes critiques, feuilles de salle, catalogue, articles des revues plus ou moin spĂ©cialisĂ©es…
Mais l’appareillage est aussi nécessaire à la technologie de l’expression de l’œuvre. En cuisine, un appareil est la préparation normalisée de différents ingrédients propre à réaliser une recette. Dans le vocabulaire technologique l’appareil est un produit dédié à une utilisation et un utilisateur particuliers, par exemple l’appareil photographique est un dispositif mécanique susceptible d’effectuer une prise de vue.
La vie des images est pleine d’apareillages et autres dispositifs de production des œuvres, entre handicap et facilitation. Les exemples historiques nous montrent aussi bien la queue de l’âne Aliboron transformée avec provocation au Salon de 1910 en l’intrigant peintre abstrait italien Joachim-Raphaël Boronali, que les handicapants poids encombrant les membres de Gaston Chaissac ou le bâton éloignant le pinceau de l’habileté de la main d’Henri Matisse. Il y a toute une histoire de ces machines à dessiner ou à peindre qui réfléchissent sur les moyens plus ou moins technologiques de la peinture ou du graphisme et qui questionnent la magnificence du geste de l’auteur démiurge ou chamane, la tête dans les étoiles…
Illustrations : la récente Ink jet Machine d’Alexandre Viault (2010) ; la paradoxale machine à signature de Jude Crilly (2010) ; le Graffiti writer de l’Institute of Applied Autonomy (dès 1998) ; Hektor de Jürg Lehni et Uli Franke (2002) ; le PrintBall de Benjamin Gaulon (2004) ; Les dispositifs Pantone pen prints de Daniel Eatock (2006) ; la multi-spray painting machine de Job & Roel Wouters (2010) ; la machine imprimante de Thomas Bernard et Florian Chevillard, soit Bernard & Chevillard (2010, après leur dance karpet de 2007)
Ă voir aussi
http://www.perongeluk.com/
Ou le travail de Xavier Antin :
« L’abstraction en train de se faire » proche du projet Penjet http://interiorandthecollectors.com/#1701534/Xavier-Antin ou l’installation « Just in time » http://www.xavierantin.fr/archive/Just-In-Time/
Pour poursuivre sur les « drawing machines » :
http://vimeo.com/channels/drawingmachines
Bravo pour l’article.
Ce post renvoie plus ou moins aux articles Generative Typography
http://www.salutpublic.be/2ou3choses/a-decouvrir/actualite/generative-typography/ et Deus in machina http://www.salutpublic.be/2ou3choses/a-decouvrir/actualite/deus-in-machina/