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Bibliologie

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Bibliologie
25 janvier au 20 avril 2014
Frac Haute Normandie
photographie Vincent Zucca

On connaissait la bibliographie plus ou moins matérielle de Donald F. Mc Kenzie, Anthony Grafton, Roger Chartier ou Armando Petrucci. Une étude universitaire et scientifique très précieuse pour celle que nous essayons de mener dans nos tentatives de réflexion des objets graphiques en général et éditoriaux en particulier. Une histoire des significations des dimensions matérielles des formes textuelles et en particulier des livres, de leurs moyens techniques et économiques de production, de leurs espaces de circulation, de leurs formes tangibles, de leurs usages manifestes, de leur sociologie.

On rencontre avec le titre de l’exposition de livres d’artistes proposée par Jérôme Dupeyrat à partir des collections du Frac Haute-Normandie, une autre dénomination pour les théories des cultures et des imaginaires du livre : la bibliologie de Paul Otlet.

Bibliologie
25 janvier au 20 avril 2014
Frac Haute Normandie
photographie Vincent Zucca

Je laisse maintenant la parole à Jérôme Dupeyrat :

Conçus par des artistes qui font du livre un mode de création et de diffusion approprié à leurs intentions artistiques, les livres d’artistes sont pleinement de l’art tout en résultant de moyens d’édition contemporains. Ils se distinguent ainsi des catalogues et des livres d’art, car ils ne sont pas à propos de l’art mais ont par eux-mêmes un statut artistique. De même, ils se distinguent des livres de bibliophilie rares et précieux (livres illustrés, livres de peintres, livres objets), car ils ne cherchent pas à esthétiser le livre à l’aide de pratiques et de conventions issues de l’artisanat ou des beaux-arts, mais visent plutôt à déplacer dans le contexte artistique les stratégies de l’édition et la culture du livre.

La collection du FRAC Haute Normandie comporte des livres d’artistes qui ont principalement été publiés après la période fondatrice des années 1960 et 1970. À cette période, de nouvelles conceptions artistiques — définition de l’art comme information ou comme concept, pratiques documentaires, art sériel, souhait de réconcilier l’art et la vie, recherches d’alternatives aux contextes de visibilité artistique institutionnels ou marchands tels que les musées et les galeries — ont désigné le livre comme support tout indiqué pour de nombreuses démarches artistiques. À travers le livre et l’imprimé (revues, journaux, tracts, cartes postales, etc.) ces démarches peuvent impliquer le texte aussi bien que l’image, sous toutes leur formes et dans toutes leurs combinaisons possibles.
Aujourd’hui, dans un contexte d’interrogation sur l’avenir de l’imprimé, les livres et autres éditions d’artistes poursuivent les enjeux initiaux des années 1960, avec une sensibilité parfois plus affirmée à la culture formelle et matérielle du livre, ainsi qu’avec un intérêt fréquent envers les démarches de classement, de collection ou d’archivage en regard desquelles les livres et les bibliothèques ont une fonction importante.

Bibliologie
25 janvier au 20 avril 2014
Frac Haute Normandie
photographie Vincent Zucca

L’exposition est elle-même conçue selon un système de classification en usage dans les bibliothèques : la Classification Décimale Universelle (CDU). Publiée pour la première fois en 1905 par Paul Otlet — l’un des pères de la bibliologie — et Henri La Fontaine, ce système permet d’ordonner les livres par grandes familles de connaissances numérotées de 0 à 9 : « 0. Sciences et connaissances », « 1. Philosophie, Psychologie », « 3. Sciences sociales », « 5. Mathématiques, Sciences naturelles », « 8. Langues, Linguistique, Littérature », etc. Chacune de ces catégories peut être spécifiée par une notation décimale et un recours à des signes de ponctuation permettant de déterminer des classes et des sous-classes.

Le choix d’utiliser cette classification, associé à la présence au cœur de l’exposition d’une librairie présentant la production de quatre éditeurs (Boabooks, Incertain Sens, Onestar press, Zédélé), vise à affirmer le statut de publication des éditions d’artistes.

Mais parce qu’elles sont aussi des œuvres, qu’il ne faut pas dissocier des autres pratiques des artistes qui en sont les auteurs, l’exposition met également en regard ces éditions d’artistes avec d’autres travaux (photographies, vidéos, lithographies, peintures, etc.) qui offrent un plus large aperçu sur la collection du Frac, à partir des livres qui s’y trouvent. Entre les livres et les autres œuvres, on peut alors constater la cohérence de démarches, le déplacement de certaines formes ou images, la traduction de certaines préoccupations qui peuvent émerger dans un livre puis exister sous la forme d’une œuvre exposée, et vice-versa.

Enfin, en réponse au paradoxe d’exposer le livre, qui est déjà son propre moyen de diffusion et d’exposition, et dont la mise sous vitrine nie certaines qualités intrinsèques, le groupe de recherche Édith — constitué d’enseignants et d’étudiants de l’ÉSADHaR — propose une série d’essais vidéos réalisés à partir de certaines éditions exposées. Ces vidéos ne prétendent pas se substituer à la consultation des livres, mais questionnent leur valeur d’usage et leur devenir images lorsqu’ils sont en situation d’exposition.

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