La notion de parasite, de symbiote hante la question du support. Une interaction, une concurrence des signes qu’abrite, que soutient le médium. Nous rappelant que ce moyen nécessaire des images et des textes est, en plus d’un centre — d’un canal qui relie les flux du message, entre production et perception, émission et réception — un genre de centre. Comprendre un centre de vie avec ses compétitions, ses interaction, ses équilibres. Un lieu biologique avec des corps qui se développent de façon plus ou moins contrôlée, plus ou moins intentionnelle.
Le bruit est justement cette catégorie de signe non désiré, non intentionnel qui surgit de l’économie, de la génétique ou de la pragmatique des supports. En plus des bruits communicationnels, bruits à l’émission — le béguaiement barbare, le lapsus… — bruit à la réception — défaut du récepteur sensoriel, des procédures de traitement de l’information, Tryphon Tournesol et ses paronomases, les surdités plus ou moins psychologiques — surgissent les inévitables bruits à la médiation. Les bruits liés à l’écologie du support merveilleusement cultivés par les précis de décomposition d’Éric Rondepierre (illustration 4 Confidence (Moires), 1996-1998) qui s’enquéraient, dans les années 90, des effets de corrosion des anciens films muets.
Un cycle de vie, donc, des images, malgré l’ère de leur reproductibilité industrielle qui faisait par exemple qu’on inventait des formats, la photographie, le cinéma, dans lesquels le spectateur n’était plus confronté à un original devenu négatif, matrice, mais à des tirages, à des copies, à des versions.
Un cycle de vie de l’image malgré la virtualité supposée ou ressentie des médias numériques.
Mathias Schweizer m’annonçait fièrement, il y a quelque temps, que ses photomontages numériques n’étaient achevés que quand il y glissait un, je cite, « poil de cul », sans que je sache très bien si l’expression était plus ou moins métaphorique. Malgré mes recherches attentives, je n’en ai jamais décelé…
Alexander Lis semble poursuivre dans cette voie avec l’édification de son site, la provocation gauloise sans doute en moins. Les ascenseurs numériques de ses pages web font défiler ces bruits auxquels nous avait habitué le cinéma et la photographie très analogiques. Comme un écho, une archéologie du médium.