Le récent projet de génération numérique de livres uniques à partir de la source wikipedia, RNDMBKS² (random books façon ISBN), mené à la galerie My Monkey par le tandem Superscript² (illustration 1), m’a d’abord renvoyé au travail de programmation de scripts Indesign du diplôme de Benedikt Gross (illustration 2 à 4). C’est-à -dire à l’investigation créative de l’automatisation des outils graphiques digitaux.
Mais plus encore il relève de la fabrique autonome permanente de posters Posterwall de Lust (illustration 5), des livrets internet Trails par the Cafe Society ou encore du projet Select, Arrange. Des procédures d’analyse des matières du medium typographique (format, grille, composition, styles du texte…) sont investies par la puissance du calcul numérique et sont nourries, souvent via le flux internet, de la variété en partie imprévisible des contenus du monde.
On produit, à la demande ou en flux continu, un travail à la logique implacable. On met en forme par le filtre de règles procédurales strictes plus ou moins « autonomisées », plus ou moins soumises aux décisions de l’utilisateur. Les applications réagissent par rapport aux demandes de l’utilisateur : dans le projet RNDMBKS², la définition d’un mot. Mais aussi par rapport aux règles d’équivalence paramétrées. Tel stimulus objectif de valeur, de couleur, de texte recueilli dans la « source » internet déclenchant telle réaction graphique. Un cercle, un fer à gauche, un effet de décalage, une saturation…
Mais on aboutit symétriquement à un résultat très grandement absurde, gratuit et arbitraire. À une production soumise à l’empire de l’événement, de la contingence et de la temporalité. À une combinatoire potentiellement infinie sous l’emprise du « non-sens sensé » du « hasard objectif ». En un mot à de l’aléatoire, en anglais random…
Merci à Coline, Alexandre et Stéphanie pour leurs précieux liens.