Merveilleux article de Jordan Goffin sur le non moins prestigieux blog de la Bibliothèque de Providence dont je vous donne ici une version traduite et lĂ©gèrement Ă©ditĂ©e. On se rappelera les expĂ©rimentations d’Henri Chopin, mais aussi l’art populaire de faire des images avec des signes (cf. les images-tapisseries de Rosaire J. Belanger) et l’on rĂ©alisera que l’ASCII (American Standard Code for Information Interchange) inventĂ© en 1961 par Berner a largement Ă©tĂ© dĂ©tournĂ© pour devenir, par anticipation, une copie de l’art des enlumineurs.
«Quiconque a passĂ© du temps devant un ordinateur est probablement familier du Ascii Art, une forme d’illustration dont les Ă©lĂ©ments de base sont les caractères typographiques [du code ASCII]. Mais l’idĂ©e de construire une image Ă partir de simples lettres est bien plus ancienne que la crĂ©ation de l’ordinateur. Voici trois exemples de notre collection:
Le Die So Nöthig Als NĂĽtzliche Buchdruckerkunst und Schriftgiessery (1740-45) de C.Gessner est un manuel d’imprimerie copieusement illustrĂ© de gravures sur cuivre. Pourtant en y regardant de plus près, vous noterez que la mĂ©thode d’illustration dans le livre n’est pas la gravure mais bien l’usage de signes typographiques composant (littĂ©rallement) un univers d’ornements en plomb.
Cette feuille, imprimĂ©e en Espagne (Valencia) un peu après 1750, suit le mĂŞme principe de composition. Elle fait partie d’une sĂ©rie de quatre feuillets aux expĂ©rimentations typographiques Ă©laborĂ©es et imprimĂ©s Ă Valencia entre 1760 et 1770 et conservĂ©s dans la Collection Updike […]»
Et si l’on poursuit la lecture du billet de Goffin, on dĂ©couvre que l’image de la Tour avec des yeux en O O a Ă©tĂ© reproduite, magie du tĂ©lescopage temporel, sur un vieil ordinateur et imprimĂ©e sur papier pin fed avec imprimante dot-matrix (ancĂŞtre des imprimantes Ă jet d’encre). Comme quoi pour paraphraser Lavoisier: rien ne se perd, rien ne se crĂ©e, tout se recycle.