Parmi ceux que Damien Gautier appelle les cinq mousquetaires des clubs français du livre des années cinquante, Robert Massin, Pierre Faucheux, Jacques Darche, Jacques Daniel, Claude Bonin-Pissaro, est-ce un hasard si on oublie si souvent Jeanine Fricker ?
Si le graphisme de qualité est une affaire de genre, ces derniers relèvent plus de manières langagières, de types d’approche, de postures de travail, de catégories de contenus, de taxonomie des productions, médiologie, statuts et fonctions des objets graphiques, typologie des matières de l’expression… que de genre sexués des graphistes.
Si l’histoire du graphisme fut apparemment une affaire d’homme, les raisons en sont évidemment beaucoup plus contingentes que structurelles, des raisons, si l’on peut dire, idéologiques, de l’ordre des constructions socio-culturelles…
L’actualité montre, bien évidemment, que le graphisme de qualité n’est nullement, à l’heure ou les femmes ont enfin un peu plus la parole, l’affaire exclusive d’un sexe du reste pas toujours si fort.
Jeanine Fricker, l’une des premières figures d’émancipation féminines du graphisme, aura en tous cas développé, au sein du livre expressif et auto réflexif, pour ainsi dire « à la française », des clubs des années cinquante, un sens particulier de la théâtralité, de ses décors, de ses machineries merveilleuses, de sa plasticité très puissante et visuelle.
Illustrations :
- 1 Ã 9 : Rachel L. Carson Cette mer qui nous entoure Le Club du meilleur livre, 1954
- 10 à 17 : Villiers de L’Isle-Adam L’Ève future Le Club du meilleur livre, 1957