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Mitim Gamma, pictogrammes
Mitim. Trois lettres interpolées en palindrome et en ambigramme. /Mit/, en néerlandais comme en allemand avec. Trois sommets, un effet de symétrie et de circulation. La structure triadique du signe. De ce qui tient lieu. De ce qui relie. Signifiant, Signifié, Référent.
Mitim, une typographie dessinée par Radim Pesko pour Dot dot dot. À nouveau trois signes et une diffusion. Trois points qui se suivent et invitent à la poursuite, même si la périodicité de cette indispensable revue a cessé après 10 ans et vingt numéros.
Mitim, une figure filée du triangle qui en appelle à l’astérisme, ⁂, constellation d’étoiles qui est la figure même de la constitution du sens en même temps que le signe typographique du changement de paragraphe ou couillard. Signe fécond de la rupture et de la suite qui marque la condition de tout texte et de toute parution périodique. Signe qui propose, dans sa forme de suite horizontale d’étoiles, un équivalent du triple point de suspension, en anglais dot dot dot.
Mitim, une figure triangulée qui renvoie aux signes typographiques de la logique et de la relation mathématique : conséquence ∴, cause ∵. Dans certaines expressions maçonniques, une figure qui est celle de l’abréviation, de la prévisibilité de la redondance comme de ce qui est caché dans le signe : le signe du secret à déployer, du secret à poursuivre1 .

Mitim Lambda
Mitim, plus qu’un simple dessin de caractère, si toutefois cette expression a un sens, un projet artistique et typographique auto-réflexif. Un alphabet qui évolue et s’adapte au cycle des parutions d’une revue en forme de suite.
Mitim, Un romain de labeur plutôt robuste et stable. Un caractère aux empattements justement triangulaires, mais qui se changent rapidement en empattements filiformes. Un romain entre ancien et moderne selon l’expression de Francis Thibaudeau. Un dessin globalement géométrisé cultivant dans le détail d’étranges effets de rupture. Formes angulaires qui s’infléchissent sans préavis. Empattements biseautés. Soudaines terminaisons enroulées. Fûts décrochés. Apexs bouchés ou traverses distendues. Italiques inversées…

Mitim Theta capitales
Mitim, une typographie prise de secrètes envies de mouvement et de collection. Tout un répertoire de formes maniéristes et de références historicistes qui rappellent ces Elzévirs tardives du XIXe ou du début XXe. Ces incises éclectiques qui reprenaient les alphabets de l’âge classique et aristocratique à l’ère de l’industrie et de la démocratie. Ces fontes qui, déjà, étaient des images d’alphabets, des typographies écho, des abécédaires réfléchis…
Mitim, dans sa version Gamma, une fonte de recueil développée avec Louis Luthi, observateur des formes spéculatives et narratives de la graphie. Un vocabulaire de collecte, regroupant différentes figures historiques — populaires, commerciales ou savantes — de graphies typisées. Marque jaune, point d’ironie, hermine bretonne, emblèmes des cigares du pharaon, pictogramme disneyen… Efforts vers le symbolique, l’abstraction culturelle consentie, la typographie enfin, entre image et lettre, magie et calcul.

Dot dot dot n°13, quatrième de couverture
- http://en.wikipedia.org/wiki/Therefore_sign [↩]
On pourrait aussi rappeler que [ce mot qui contient tous les autres mots qui n’existent pas] est l’invention de Ryan Gander.
Perhaps the tightest spring he has wound is the word he invented, mitim.
Not only is it an palindrome, but when set in capital letters in many sans-serif typefaces it is also visually symmetrical, a “physical palindrome ».
Mitim means “a mythical word newly introduced into history as if it had always been there”—it is what it means.
In a text published in the design journal Dot Dot Dot, Gander explained at length the difficulties he faces with regard to instigating and increasing its circulation, which must stem in part from this self-reflexive circumscription.
Ici dans l’article de Brian Sholis sur Gander
http://www.briansholis.com/essay-ryan-gander/
et en français, sur l’exposition Mitim
L’exposition Mitim s’intéresse plus précisément à des œuvres mettant en scène un contenu évanescent, développant ainsi différentes formes de polysémie. Le titre de l’exposition est un mot inventé par l’artiste Ryan Gander, dont la signification est « un mot fictif récemment inséré dans l’histoire comme si il y avait toujours été ». L’artiste s’est attaché à immiscer le néologisme dans le langage à travers différentes stratégies de circulation. In Search for a Perfect Palindrome (third attempt) (2006) prend ainsi la forme d’une pile de journaux de l’édition du 20 janvier 2006 du Times, en dernière page de laquelle a été imprimée une grille de mots croisés contenant le mot.
http://www.maisonpop.net/spip.php?article565