La série Of Signs & Senses d’Éric Baudelaire pose la question du sujet de la photographie. Ce sujet du sujet qui fut autrefois l’apanage de la peinture et qui échoit depuis au moins un siècle aussi à la photographie.
Ce qu’on peut voir, ce qu’on peut montrer, ce qu’on peut regarder, et notamment, à l’ère où l’on peut tout montrer et parfois ne plus rien voir. Bref, des signes et des sens : des normes sociétales et morales du regard, plus ou moins construites et consenties, plus ou moins imposées pénalement, du sens et des sens.
Au Japon, les documents graphiques importĂ©s sont soumis Ă une sorte d’auto-censure subjective : la reprĂ©sentation sexuelle explicite y est occultĂ©e par des bokashi, sorte de ratures troublantes qui viennent, en voulant les soustraire au regard, griffer les reprĂ©sentations d’organes gĂ©nitaux masculins et fĂ©minins, tout en rĂ©vĂ©lant la texture sensuelle des supports papier…
Éric Baudelaire vient photographier ces images d’objets du désir, justement partiellement retirés à la possession du visuel et par là même accusés dans leur tension synesthésique et leur charge érotique, puis il les imprime en héliogravures monochromes délicates sur papier chiffon, réactivant la séquence autoréflexive de ce cycle de reproductions de reproductions altérées.