Dans le cadre de son diplôme, Kevin Bray s’intéresse à l’esthétique du sample, comment il régénère la vieille stratégie moderne du collage, comment, avec son corollaire de la boucle musicale, il peut concerner l’objet séquentiel et interpolé du livre…
Par exemple il scanne quelques pages choisies du Le déchet, le rebut, le rien de Jean-Claude Beaune qui interroge les notions d’extraction, d’absence, de transformation. Puis après les avoir montées le plus platement possible en vidéo, il s’intéresse aux cuts, ces opérations techniques mais aussi ces temporalités infra-minces définissant le collage, le pli, la tranche, le montage d’une image à l’autre, d’une page à l’autre.
Dans la vidĂ©o la notion temporelle n’existe pas seulement dans la succession des images elles mĂŞmes mais dans la façon dont est structurĂ©e cette succession d’images. La video est construite suivant trois grands rĂ©fĂ©rents structurels : l’I-frame, l’intra image, autonome, repliĂ©e sur son intĂ©rioritĂ© ; la P-frame, l’image prĂ©dite, dĂ©duite, projetĂ©e de l’image qui la prĂ©cède, constituĂ©e de l’information de mouvement du pixel, de la diffĂ©rence, temporelle et spatiale, de la succession des images ; et la B-frame, image bi-prĂ©dite, interpolĂ©e entre image prĂ©cĂ©dente et suivante.
Kevin Bray boucle les P-frames, l’entre, le lien, les fragiles prédictions de passage. Il amplifie la cinétique, le moment de bascule au cœur de la séquence du livre et des images…