Pensé comme un questionnement de l’espace de médiation artistique que représentent à la fois l’exposition et ses documents graphiques plus ou moins d’accompagnement, Postdocument est un projet éditorial mené par Rémi Parcollet, Aurélien Mole et Christophe Lemaitre.
Une édition accessible à tous sur le long terme du numérique et du téléchargement au format de document portable bien connu. Une édition qui se concentre sur les reproductions légendées d’œuvres photographiées en situation d’exposition.
Une édition qui se programme autour de la fonction légende, ce seuil intertextuel et herméneutique de l’œuvre, ce relais principal de la vocation intermédiaire et informative du bien nommé post-document, ce document de médiation qui ne peut subvenir qu’après ou en parallèle au temps de l’exposition. Une édition qui se structure plus précisément autour de la forme réglée de la légende en seize entrées récurrentes — Nom de l’artiste, titre de la pièce, date de réalisation… — qui définiront les thématiques des seize numéros de la collection.
Après la première mouture consacrée au Titre de la pièce, la seconde aux Matériaux, la troisième Courtesy, rassemblait des portraits photographiques des propriétaires des droits de diffusion des images, en situation au-devant, à côté, ou avec la complicité d’une œuvre d’art qui constitue précisément leur statut d’ayant droit.
Le lancement de ce troisième numéro, effectué en avril dernier à Rosascape, un lieu sensible aux questions des conditions de l’exposition1, a donné lieu à une mise en relief radicale de la composition de l’édition, chaque image se redressant fièrement de la page posée à plat sur une table, en se réifiant dans un contre-collage sur bois assez puissant, quoique pas sans rapport avec l’image imprimée sur son support de cellulose, l’ensemble composant une sorte de galerie de portraits.
Le quatrième opus qui vient de paraître est consacré à l’entrée Lieu de l’exposition. À son propos, je laisse la parole à Christophe Lemaitre :
« Nous avons choisi de le consacrer Ă des vues d’exposition d’un seul et unique lieu : la galerie carrĂ©e, de la Villa Arson.
Les expositions de la Villa Arson ont ceci de particulier qu’elles sont photographiĂ©es depuis plus de 20 ans par le mĂŞme photographe, Jean Brasille. Au fil des annĂ©es s’est installĂ© un protocole de prise de vue, depuis les 4 angles de cette salle si particulière.
La Villa Arson conserve et archive ces photographies avec soin. Nous sommes donc partis la semaine dernière rĂ©aliser le numĂ©ro sur place, le temps d’une courte rĂ©sidence au soleil !
Ce numĂ©ro est presque un tournĂ©/montĂ©. Il a fallu collecter, sĂ©lectionner puis lĂ©gender et mettre en page une soixantaine d’images parmi les centaines disponibles, puis organiser le lancement qui s’est effectuĂ© Ă l’intĂ©rieur mĂŞme de l’exposition L’institut des archives sauvages par la projection du pdf sur l’angle d’une des salles de l’exposition jeudi soir.
Les images choisies contiennent toutes, visible ou non, un angle — c’est un poncif de la vue d’exposition, et un argument de la thèse de RĂ©mi Parcollet sur la vue d’exposition comme sous-genre de la vue d’architecture. Toutes les images sont calĂ©es pour que cet angle soit perdu dans le reliure centrale des double-pages.
L’ordre des images est dĂ©terminĂ© par le remplissage de l’espace (des espaces pleins vers une galerie vide, qui dĂ©nude et rĂ©vèle la particularitĂ© du lieu). »
- Rosascape est un espace de monstration et de production artistique Ă©tabli dans l’espace intime et marquĂ© d’un appartement du 9e arrondissement de Paris avec force moulures et portes fenĂŞtres ouvragĂ©es. [↩]