Pour beaucoup le « style » conceptuel qui a tant influencé le graphisme récent aura été un style du refus. Une forme âpre et discrète, informationnelle et iconoclaste, qui évite autant que faire ce peut les facilités frivoles de l’effet et du théâtre. Une forme sans trop de qualités, un document technique et abordable de la reproductibilité « administrative et légale » qui exclut les spécificités, les expertises et les virtuosités.
Les chatoiements de la couleur, les sensibilités de la texture, la souplesse raffinée du dessin, tout ce qui de près ou de loin peut faire penser aux traditions du beau, à l’entretien bibliophile de la rareté, au goût de l’exception, du faste, de l’apparat, en est démocratiquement exclu.
L’héroïsme créateur moderniste y est tout autant rejeté : on y reprend des formes existantes, sans trop d’histoires et de spécificités, qu’on tisse comme on construit un texte, du reste pas forcément très immédiatement lisible.
Mais il se peut que, fidèle à l’esprit textile du montage éditorial conceptuel, on n’en rejette pas pour autant un sens de la subtilité capable d’agir la forme textuelle en sous-main. Il se peut que, comme le fait Virginie Gauthier, on veuille refuser certains refus.