Le Crystal Maze a d’abord été la reprise, dans les années 90, par la télévision britannique de l’improbable succès d’audience français Fort Boyard. Une affaire de jeu sur fond d’aventures plus ou moins historiques, plus ou moins fantastiques mais toujours très stéréotypiques. De l’action, des attractions, du divertissement, des exploits médiatiques légers, déclinés en anglais sur le mode du labyrinthe de cristal, de la diffraction de l’espace, du genre et du temps.
Le Crystal Maze est aussi une investigation théorique sur le mode de la digression et de l’esthétique de la reprise. Un travail de réflexion truculent du champ élargi du graphisme mené par officeabc et Jérôme Dupeyrat, soit Le Bureau du Doute.
Le Crystal Maze est un dispositif gourmand qui tisse la pluralité de ses matériaux d’emprunt dans une « monstration et une discussion dédiées aux livres, à l’édition, et à tout ce qui s’y rapporte ». Un prisme, une table de montage confrontant tous azimuts, les registres, les moyens et les genres du discours.
Un texte est lu. Un texte est dit. Une séquence de manga ou de cinéma défile dans un rapport plus ou moins oblique avec ce qui est dit. Des livres, des documents graphiques, des objets sont manipulés. Des images apparaissent, disparaissent, sont dessinées en direct. Culture savante, culture populaire, différé, direct, image fixe, image animée, production, reproduction… « Le Crystal Maze est un labyrinthe où se rencontrent des objets, des images et des textes ».
Le Crystal Maze est un mode de théorisation aussi éloigné que possible de l’inquiétude scrupuleuse et concise des canons de la neutralité distante promus et parfois imposés par le dogme universitaire.
The Crystal Mask présenté récemment à l’EnsAD Paris a déroulé son appareil de notes luxuriant et son télescopage de textes et de gloses visuelles autour du roman policier, Club des Masques et autre Livre de Poche Policier, en développant dans une merveilleuse vidéo montée par Cloé Munich et Vincent Lalanne et réalisée avec le concours de Laurent Sfar, Xavier Bouyssou et Vincent Fortin, un texte déjà épatant de Catherine Guiral.
Le roman policier, ces débuts du feuilleton et cette scène primitive des séries télévisuelles pop. Le détective, le commissaire, l’enquêteur, cette figure de tutelle fictionnelle du théoricien et de cette recherche dont on ne cesse d’assurer la promotion ces derniers temps…