Si le livre est d’abord un espace en forme de reliure : un ensemble de feuillets articulĂ©s, rassemblĂ©s ; comme tout espace, il ne s’Ă©prouvera que dans le dĂ©veloppement du temps : dans l’expĂ©rience de la scansion des pages. Et il arrive que, comme l’almanach, le livre veuille, page après page, Ă©pouser les formes en vigueur de la mesure du continuum incertain et toujours fuyant du temps.
Chez les anciens romains, le premier jour du mois, appelé calende, se fixe sur le cycle lunaire. Le calendrier se fait éphéméride. Il compte les jours ou les nuits en observant dans le ciel la course régulière des astres et des satellites.
L’almanach peut reprendre la structure cyclique des événements rituels qui peuvent créer des balises dans le flux du temps : des fêtes qui rassurent sur la permanence d’un rythme, des commémorations qui articulent un présent à un passé, des élections, des édits, des plans qui promettent au présent de se conjuguer au futur. On se rappellera peut être de ces saints qui s’associent aux jours pour imposer leur règle à toutes les périodes de la vie d’une communauté précisément faite par le partage de ces anniversaires, ces moissons, ces labours, ces ensemencements et ces chers disparus.
Mais l’almanach peut préférer au bel ordonnancement calendaire, l’intempestif Saint Glinglin, saint des moissons sujettes aux sécheresses et aux intempéries, toujours sous le coup de l’incendie dont on prévient par la cloche, saint – ou plutôt seing, signe qu’on fait glinder – auquel il n’est pas attribué de jour. Car l’almanach peut se faire recensement, annuaire, et venir compiler simplement dans la belle logique du tas et du montage ouvert, les événements saillants d’une année.
C’est le cas du bien nommé et bruxellois Year qui vient récemment, pour la second session et sous l’expertise graphique d’Ismaël Bennani et Orfée Grandhomme, célébrer l’année passée sur papier journal et sous couverture brillante, en dos carré collé, avec un sens certain de l’urgence et de la légèreté sérieuse.