En 2015, le photographe américain Christian Patterson publie le livre Bottom of the Lake1, à partir de clichés pris dans sa ville natale de Fond du Lac, dans le Wisconsin. Il y présente soixante-dix photographies, dispersées au fil des 256 pages qui composent le livre, avec la particularité de les reproduire en les superposant à la copie en fac-similé d’un annuaire de la ville de Fond du Lac daté de 1973, soit l’année suivant la naissance du photographe. Bottom of the Lake inclut donc les clichés du photographe, mais aussi l’intégralité des pages de l’annuaire sur lesquelles des numéros de téléphone, des adresses et des noms sont soulignés ou entourés, accompagnés aussi de dessins, d’annotations et de supports imprimés qui semblent comme glissés entre les pages de l’annuaire (une carte postale, des brochures, des pochettes d’allumettes, etc.). La structure du livre respecte la partition entre pages blanches et pages jaunes, les listes de noms et numéros de téléphone des particuliers étant suivies d’une centaine de pages d’annonces. Les contenus sont variés, tout autant que les formes graphiques imprimées, avec différentes typographies et de nombreux signes, symboles, schémas et styles d’illustration, notamment dans les pages jaunes.
L’annuaire de 1973 n’est pas uniquement destiné à servir de fond aux images, et l’on peut sans hésiter affirmer qu’il participe aussi de la construction d’un portrait personnel et subjectif de cette petite ville de Fond du Lac. L’hypothèse est la suivante : le choix de l’annuaire ainsi que les interventions qui y sont faites densifient les photographies qui y sont reproduites, l’annuaire de 1973 servant autant de support d’inscription aux clichés du photographe que de support favorisant la mise en récit. En effet, les divers éléments juxtaposés ici, dans leur association, forment un ensemble de couches, de strates, à la fois graphiques et sémantiques, qui trouvent leur sens à travers les multiples effets de répétition et de superposition.
Premières apparitions de Fond du Lac
Les photographies de Bottom of the Lake ont initialement été prises pour répondre à une commande de Paul Schiek, éditeur à TBW Books, dans le but de produire une publication pour un lot contenant également trois autres livres (par les photographes Raymond Meeks, Alessandra Sanguinetti et Wolfgang Tillmans)2. Le photographe profite alors d’un passage chez ses parents dans la ville de Fond du Lac pour prendre des clichés destinés à la future publication chez TBW Books. Les premières images qu’il réalise portent sur le fameux lac, qui a donné son nom à la ville, celle-ci étant située à l’extrémité sud du lac Winnebago. Il s’intéresse ensuite plus particulièrement au phare situé au bord du lac, devenu, depuis sa construction en 1933, le symbole de la ville. Il photographie les abords et l’intérieur du phare – tout en bois –, la neige sur le sol ou en train de tomber, et certains extérieurs de bars, photographiés la nuit pendant l’hiver. À cela s’ajoutent d’autres clichés montrant surtout des surfaces, tel que l’asphalte du sol ou la brique des murs. On en apprend finalement assez peu sur cette ville et ses habitants, Christian Patterson ayant fait le choix de n’en montrer que des fragments. Même quand il photographie le phare, il favorise les gros plans et les vues intérieures, qui contrastent avec les vues habituelles du monument. Ses clichés en noir et blanc et en couleur offrent surtout à voir une sorte d’ambiance colorée, le tout baignant dans des tonalités bleutées (entre l’eau, la neige et la peinture bleue qui recouvre l’intérieur du phare)3.
À partir de ces photographies paraît en 2013 une première version de Bottom of the Lake4. Christian Patterson y reprend la mise en page qu’il avait déjà testée dans son précédent ouvrage, Redheaded Peckerwood5, soit une mise en page plutôt classique : les photographies y sont publiées seules sur chaque page, encadrées de marges blanches plus ou moins larges, même dans le cas de photographies imprimées sur la double page. La première image du livre attire cependant rétrospectivement l’attention, puisqu’elle représente l’annuaire de février 1973 retrouvé chez ses parents et photographié sur un fond en bois. Quelques pages de l’annuaire étaient aussi reproduites dans le livre, parmi les photographies.
L’annuaire de 1973 dans le rôle de l’interprète principal
Pour la seconde version de Bottom of the Lake, Christian Patterson intègre cette fois complètement l’annuaire de 1973 à son projet éditorial. Il garde la couverture, reproduite dans son état original : usée sur les bords, cornée et globalement défraîchie, rayant seulement « Fond du Lac » et le remplaçant par une inscription manuscrite qui précise le nouveau titre de la publication : « Bottom of the Lake ». Sur le dos du livre, il raye là aussi toutes les indications textuelles pour leur substituer la mention « Bottom of the Lake / Christian Patterson / Koenig Books » écrite au stylo. Le passage de « Fond du Lac » à « Bottom of the Lake » n’est pas anodin car il marque un changement de statut : on passe ici de la petite ville du Wisconsin – dont l’annuaire compile la population et leurs activités de manière précise et exhaustive – à une ville de fiction créée par le photographe, comme le double rêvé de Fond du Lac.
En plus de la couverture, l’intégralité des pages intérieure est également conservée ; pages blanches et pages jaunes, tarifs des appels longue distance et indicatifs téléphoniques pour appeler dans les différents états du pays. Il conserve aussi le format initial de l’annuaire, dans ses dimensions comme dans le nombre de pages. La publication initiale sert alors de réceptacle aux photographies, celles-ci étant reproduites comme si elles étaient simplement posées sur les pages de l’annuaire. Tout comme d’autres éléments qui semblent eux aussi glissés entre les pages et qui apparaissent par superposition : une carte postale, des feuilles de papier, des autocollants, etc. Christian Patterson intervient aussi directement sur les pages de l’annuaire. Il souligne ou entoure certains noms, en raye d’autres, fait des annotations, dessine sur les pages.
Avec ces ajouts faits sur les pages de l’annuaire, qui reviennent tout au long du livre, il crée un rythme dans la mise en pages, basé sur la répétition. Ce rythme est accentué par le rappel constant de certains motifs dans ses clichés : la neige, les effets de texture (des briques, du bois, de l’asphalte), le phare et les téléphones. En effet, de la même manière que le phare est présenté sous différentes coutures, notamment de l’intérieur, le photographe s’intéresse aux vieux téléphones à cadran. On voit ainsi de vieux téléphones en plastique manipulés par des mains portant des gants blancs, à la fois sur des documents d’époque mais aussi sur des clichés de Christian Patterson, pris en studio.
De nombreuses images montrent aussi un téléphone bleu pâle, démonté, avec ses multiples pièces détachées éparpillées, sous la forme de natures mortes mécaniques ou de pièces de jeux de construction étalées sur le sol. Le téléphone démonté agit comme la métaphore de la déconstruction du récit proposé dans Bottom of the Lake. À propos de son précédent livre, Redheaded Peckerwood, le photographe et critique Adam Bell écrivait déjà que « le travail de Patterson gravite autour de son sujet, tissant une toile complexe d’indices visuels et d’allusions. Plutôt que de suivre une direction narrative ou documentaire, son travail ricoche d’un fragment à un autre. »6 Dans Bottom of the Lake, Christian Patterson élabore une fois encore une narration non linéaire, particulièrement sophistiquée, où tous les éléments – iconographiques et textuels – se répondent, mais sans que ces liens soient explicitement énoncés.
Souvenirs ou fictions ?
Grâce à l’annuaire de 1973, Christian Patterson introduit une nouvelle strate de contenus. En effet, en soulignant des noms, en ajoutant des éléments, il multiplie les pistes possibles d’interprétation, surtout que l’on ne peut pas différencier ce qui était déjà présent dans l’annuaire de ce qui y a été ajouté pour faire le livre. Quels éléments relèvent du déjà -là (quand le photographe récupère ce vieil annuaire) et qu’est-ce qui relève de la main du photographe ? De plus, si Christian Patterson est bien l’auteur de ces éléments inscrits dans les marges au stylo, s’agit-il vraiment du Christian Patterson adulte, ou bien plutôt du même, mais encore adolescent ? On peut supposer cela par exemple de la mention « sucks » (« ça craint ») à côté du nom d’un des lycées de la ville – Goodrich High. Ou encore des différents ajouts sur les illustrations des pages jaunes, montrant désormais des personnages qui pètent, des pénis, des joints allumés, ou certaines blagues transformant un nettoyeur de voitures en décor pour films érotiques (« Jet Stream Car Wash » changé en « Wet Dream Car Wash »).
Mais là encore, le doute subsiste. Qui a fait ces modifications ? Quand ? Est-ce la même personne qui a utilisé les stylos bleu, rouge et noir employés sur les différentes pages de l’annuaire ? Sur la quatrième de couverture, un texte précise d’ailleurs : « CECI EST VOTRE ANNUAIRE – pour vous aider à trouver les numéros de téléphone que vous souhaitez, facilement et rapidement. Souvent, il est utile de souligner et d’entourer les numéros afin de réduire les chances de se tromper en les composant et de les trouver plus rapidement la prochaine fois. »7 . On pourrait penser que toutes ces modifications sont d’époque et que les noms et numéros entourés correspondent aux différentes recherches faites dans l’annuaire par la famille Patterson. Mais certaines annotations sont postérieures, comme par exemple toutes celles qui concernent l’affaire du Watergate. L’année 1973 – celle de l’annuaire – est en effet celle du scandale du Watergate, qui aboutira à la démission du président Nixon après divers mensonges, notamment autour d’écoutes et d’enregistrements téléphoniques. Le mot « Watergate » est écrit au stylo en haut d’une page. Une autre inscription dans l’annuaire précise que Nixon a mis sa ligne sur écoute (« Nixon wired his phone »). Ailleurs, le nom de famille d’un certain Clifford Nixon est entouré au stylo. Parmi les documents reproduits sur les pages du livre, on trouve également un dessin qui caricature le président américain, ainsi que plusieurs autocollants anti-Nixon à coller sur les pare-chocs : « IMPEACH » (« destitution »), « CROOKS » (« escrocs »), ou encore « WHAT LIES AHEAD ? » (« quels mensonges nous attendent ? ») qui figure dans les premières pages du livre.
Il est ici fait référence aux mensonges de Nixon, tout autant qu’à ceux que propose Christian Patterson. En entourant en rouge, parmi les conseils donnés en début d’annuaire pour ne pas se tromper en composant un numéro, la phrase « Ne vous fiez pas à votre mémoire » (« Do not rely on memory »), le photographe suggère que son approche est partielle et naturellement incomplète. Alors que l’annuaire se veut objectif et qu’on le considère comme un document auquel se fier, le photographe en altère la nature, la déforme, pour en faire le lieu d’un récit personnel et largement imaginaire, que le lecteur a à décoder.
L’idée du téléphone et de l’annuaire comme supports du récit trouve un prolongement dans un petit autocollant apposé sur la quatrième de couverture, indiquant « Call the Bottom of the Lake » avec un numéro de téléphone dont l’indicatif (414) est celui du Wisconsin. Le composer donne accès à une centaine d’enregistrements sonores, différents à chaque appel, en lien avec Fond du Lac8. Il s’agit d’enregistrements réalisés sur certains lieux photographiés par Christian Patterson (les abords du lac notamment), d’archives sonores, des textes écrits puis lus/joués par différents amis ou connaissances du photographe invitant à se figurer les personnes ou lieux de la ville, ou encore d’extraits sur lesquels on entend la voix de Nixon, saoul ou en train de s’excuser9. De la même manière que l’annuaire modifié offre au lecteur diverses entrées dans le récit proposé par Christian Patterson, les appels téléphoniques donnent encore davantage de profondeur à la ville de fiction que recrée le photographe.
Le lecteur comme enquĂŞteur
Dans sa mise en page, le photographe procède par répétition de motifs (le phare, le lac, le téléphone bleu, la neige, les extérieurs de bars), et on comprend que tout est lié mais sans véritablement saisir pourquoi. Comme pour son précédent ouvrage, il procède de manière morcelée, quasiment sous la forme d’une enquête à élucider : « Quand j’ai mis en page Redheaded Peckerwood, j’avais en tête une version linéaire et chronologique de l’histoire. Au fur et à mesure, j’ai commencé à voir les potentialités d’une approche fragmentaire. Je suis devenu plus intéressé par d’autres formes de narrations, de manière plus ouverte. Je parle d’une histoire criminelle véridique, donc la nature particulière de ce récit conduit aisément à le représenter sous la forme d’un mystère à résoudre. »10
Par les multiples indices qu’il sème dans les pages de l’annuaire, sans donner au lecteur la moindre clef, Christian Patterson fait de Bottom of the Lake un ouvrage constitué de nombreuses strates temporelles (l’annuaire de 1973, les photographies de 2013 et les annotations qu’on ne peut dater), graphiques (les différentes typographies et écritures manuelles, les photographies, les dessins) et sémantiques. Le livre est d’autant plus dense (d’un point de vue narratif) que l’annuaire fourmille d’informations et de pistes pour l’imagination. Le photographe renvoie ainsi par ses annotations à divers événements importants de l’année 1973 (l’affaire du Watergate, la crise pétrolière, la mort de Picasso), mais il ménage en permanence des passages vers la fiction, comme pour mieux y attirer le lecteur. C’est le cas des différents clichés en noir et blanc représentant des bars, photographiés de nuit et depuis l’extérieur, dans la neige. On n’en voit que la devanture et les fenêtres éclairées, mais sans en savoir davantage. Les reproductions de pochettes d’allumettes que le photographe y a récupérées permettent d’en imaginer davantage, de même que les noms évocateurs, entourés dans l’annuaire : Castle Tavern, Dick & Ed’s Bar, The Other Place, Blue Room Tavern, Brass Lantern, Corner Stone Bar.
En croisant toutes ces informations, le lecteur peut se figurer un peu mieux l’ambiance de cette ville. Non pas Fond du Lac, mais Bottom of the Lake, son double imaginaire qui n’est pas sans évoquer la ville pleine de mystères de Twin Peaks. Au fil des pages, alors que le lecteur progresse dans Bottom of the Lake, la ville prend de l’épaisseur. Les différents éléments se superposent sur les pages, puis se répètent, formant une structure sémantique faite d’un assemblage conséquent de documents et de supports. Par le biais des photographies, des enregistrements sonores (pour certains réels, pour d’autres performés) et surtout du recours à l’annuaire de 1973, Christian Patterson recompose une atmosphère globale située dans les années 1970, qui glisse progressivement de l’évocation de souvenirs vers la fiction. L’annuaire et le livre qui le reproduit deviennent la matrice de multiples récits fragmentés et superposés, auxquels le lecteur est invité à donner du sens, en suivant les pistes laissées au fur et à mesure des pages. Le photographe construit page après page un récit à tiroirs qui joue en permanence de l’ambivalence entre vides et pleins – entre représentations évasives et surabondance d’informations –, afin que l’imagination du lecteur investisse par la suite chacun des trous ménagés dans la narration. Ainsi, même si on connaît les noms, adresses et numéros de téléphone de tous les habitants des environs, ceux-ci n’apparaissent pas une seule fois dans les clichés. De même, on nous propose le portrait d’une petite ville américaine mais qui semble finalement se résumer à son phare – qu’on ne découvre que par morceaux – et à une série de bars étranges, inquiétants presque. L’annuaire de 1973 est plus qu’un fond pour les images, il en est le moteur narratif. À chaque lecteur, dans l’accumulation des informations qu’il y trouvera et dans leur mise en relation, d’en activer le sens, puisque rien n’y est définitivement fixé à l’avance.
- Christian Patterson, Bottom of the Lake, Berlin, Koenig Books, 2015. [↩]
- Les quatre livres, publiĂ©s dans la collection « Subscription Series », ont le mĂŞme format (28 x 23 cm) et sont faits avec les mĂŞmes papiers, une reliure identique et une mĂŞme mise en page pour la couverture. Voir la prĂ©sentation de ces livres sur le site de l’éditeur : http://www.tbwbooks.com/collections/subscription-series/products/subscription-series-4 [↩]
- L’image de couverture de l’annuaire rappelle d’ailleurs les clichĂ©s de Christian Patterson, puisqu’elle reprĂ©sente un paysage montrant les berges du lac, la surface de l’eau, quelques arbres et un ciel nuageux, le tout probablement photographiĂ© dans les environs du phare. [↩]
- Christian Patterson, Bottom of the Lake, Oakland, BTW Books, coll. « Subscription Series », n° 4, 2013. [↩]
- Christian Patterson, Redheaded Peckerwood, Londres, Mack, 2011. Au sujet de ce livre qui porte sur la course sanglante de Charles Starkweather et Caril Ann Fugate Ă travers le Nebraska et le Wyoming en 1958 après une dizaine de meurtres, voir : Vincent Lavoie, « La plaidoirie artistique. Reconstitution judiciaire dans l’œuvre de Christian Patterson, Redheaded Peckerwood », esse arts + opinions, n° 79 : « Reconstitution », automne 2013, p. 16-21. [↩]
- Adam Bell, « Red Blood Snow », Foam magazine, n° 30, printemps 2012, p. 127 : « Patterson’s work dances around his subject, weaving a complex web of visual clues and allusions. Rather than follow a narrative or documentary trajectory, the work leaps from one synecdochical fragment to the next. » [ma traduction]. [↩]
- « THIS IS YOUR PHONE BOOK – to help you find the numbers you want, easily and quickly. Often, it’s helpful to circle or underline numbers to reduce the chances of misdialing and to find them faster next time ». [↩]
- Dans ses expositions, Christian Patterson place un vieux tĂ©lĂ©phone Ă cadran Ă partir duquel, en appelant les numĂ©ros indiquĂ©s sur un carnet, le visiteur peut Ă©couter ces pièces sonores. Ă€ propos de l’exposition Bottom of the Lake Ă la Robert Morat Galerie de Berlin du 2 octobre au 28 novembre 2015, voir : Thomas Weski, « To the Bottom », in Daniel Augshöll, Anya Jasbar (dir.), AP CP BL – Christian Patterson, Bottom of the Lake, Berlin, Ahorn Books, coll. « Ahorn Paper », n° 1, 2016, p. 76-89. [↩]
- Anya Jasbar, « Reading Words, Reading Images », entretien avec Christian Patterson, in Daniel Augshöll, Anya Jasbar (dir.), AP CP BL – Christian Patterson, Bottom of the Lake, op. cit., p. 119-121. [↩]
- Ken Schles, « Photographer, Detective, Book-Maker », entretien avec Christian Patterson, The Photobook Review, n° 2, printemps 2012, p. 14 : « When I was editing Redheaded Peckerwood, I had a chronologically linear version of the story in the back of my mind. As time went on, I began to see the potential of utilizing a fragmentary approach. I became more interested in telling the story in a different way, […] in an open-ended way. This is a true-crime story, so the very nature of the story lends itself well to representing the story as a mystery to be solved. » [ma traduction]. [↩]