Le langage n’est pas un trou spiral dans l’espace, où l’inspiré se trempe. Est-il véritable pour autant? Un bal larvaire. Je suis devant l’étal des lettres: la voie des vœux et des aveux. Mes envies sont en balance devant cette poudre fine provenant de la mouture des certitudes, waste land des utopies où de temps à autre des striges visitent leur vétusté.
C’est un fertilisant: la fièvre sévit, fibre, ou filière, vers les rêveries déviées. Elle imbibe la souche du goût, chemin des mots et du baiser. Un paysage… est-ce que cela change quelque chose? Se trouver en face des haies, est-ce heurté? En réalité, j’écris que le fil de nos organes nous lie, granules. À nous de prendre la mesure des sons diaprés.
Nous effondrant de fond en comble, les faits que nous confions tiennent bon. Le tout est de défricher la lettre et d’aboutir à une clarification à l’aide de diverses matières collantes qui retiennent les particules (blanc d’œuf, gélatine, colle de poisson, etc.).
Rien ne viendrait interrompre cette mer de silence ni remettre en cause ce qui  p  o  u  s  s  e   e  n  t  r  e   l  e  s  s  e  r  r  e  s   d  e  l  a   l  u  m  i  è  r  e. Comme des bulles nĂ©es couveuses de lueurs, les pages-Ă©cuelles entrent en lice — l’anse brisĂ©e. L’ombre lancinante est celle d’un silex lisse.
Mon plioir Ă la main, j’observe le sourd nĹ“ud rituel des crĂ©atures, je m’amuse de la danse esquissĂ©e. Les fibres du papier s’y pavanent, dans un sens comme dans l’autre. Depuis quand ce vĂ©gĂ©tal s’adonne-t-il Ă ces caprices ligneux? Ses parties aĂ©riennes ne meurent-elles pas chaque annĂ©e?
Je cherche le non-sens, sans l’abandon. La reproduction s’opère grâce Ă du charbon rĂ©duit — au cours de l’abattage et des manipulations — en dĂ©bris pulvĂ©rulents d’une extrĂŞme tĂ©nuitĂ©.
L’absorption se fait par les voies respiratoires, vers les mĂ©andres. C’est une physique des semences, des sĂ©diments menteurs des langues: je parle, je m’abandonne aux dĂ©tours de cendre aimĂ©e. Mais je peux Ă©galement Ă©crire, plonger mes mains dans le terreau des tomes, sentir les mottes et les choses. Il y aura toujours des grumeaux.
Image et texte seront pĂ©tris jusqu’Ă l’obtention d’une pâte souple qui ne colle plus aux doigts.
J’ai horreur du macadam pour les mites. En faussaire, j’expose mon ossuaire de gloses et je détruis les cimes. L’horaire des tempes m’apeure et me réjouit: aux cathèdres abritées je préfère les mots à mémoire de forme.