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Rémi Hubert et Guillaume Chauvin, alors étudiants à l’Esad de Strasbourg, ont remporté ce printemps le grand prix Paris-Match du photo-reportage étudiant 2009 avec la série de photographies noir et blanc expressionnistes et urgentes /étudiants tendance précaire/. Ou plutôt n’ont pas gagné ce prix, car lors de leur discours de remise de prix, ils ont dévoilé leur « posture originale ». Cet ensemble photographique était le fruit d’une construction volontairement dramatisante des images et des situations en accord avec les « rouages d’un discours médiatique qui a pour ingrédients la complaisance et le voyeurisme dans la représentation de la détresse ».
« Pour témoigner au mieux, nous avons en effet interprété des histoires malheureusement vraies, puis construit des mises en scènes basées sur des codes photographiques reconnus. Nous proposons donc ici une interprétation de la réalité, construite, maîtrisée, au même titre que la photographie et l’information interprètent des réalités. C’est bien là que sont nos sincères motivations : nous tenons à souligner que le faux ne s’oppose pas au vrai, mais qu’il permet de faire émerger les mécanismes du discours. »
Vraisemblablement, Paris Match et notre tandem d’étudiants dans la lignée d’un Hans Haacke ne partagent pas les mêmes lectures philosophiques, car Paris Match déclare que ce prix leur a été retiré pour des raisons liées à « la philosophie que défend le magazine depuis 60 ans ». Vrai, faux, fiction et documentation, vraisemblable et vérité, effet de réalité du medium photographique et idée naïve d’un réel et d’un réalisme forcément construits, société du spectacle et détresse sociale.
Enfin, écho sans doute volontaire, en tous cas intrigant, à la provocante brochure situationniste strasbourgeoise de 1966 De la misère en milieu étudiant, qui fit déjà scandale dans la presse de l’époque, le Monde du 26 novembre 1966 déclarant que « “L’International situationnisme” pren(ait)d le pouvoir chez les étudiants strasbourgeois »…
Le ciel les oiseaux et ta mère
clap clap…bis! Bis..clap clap clap