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Cela fait quelque temps que, dans la droite ligne de lâambiguĂŻtĂ© conceptuellement plastique du discours du pop art, on cultive ça et lĂ une certaine esthĂ©tique plurielle faite de lâasepsie du muzak, du terrorisme de lâaudimat, de la violence du rĂ©el et de la trivialitĂ© touchante de la culture populaire et des pratiques amateur. Le tout Ă©tant Ă©videmment initiĂ© par la geste duchampienne capable de faire entrer dans le champ de lâart des objets trouvĂ©s par le simple effet de leur dĂ©signation.
Ainsi, un Bertrand Lavier disait dĂ©jĂ rechercher dans les pages de documents sur lâart du printemps 1995 un « sentiment de consternation [âŠ] doublĂ© dâun trouble, dâune fascination » tandis que, dans ce mĂȘme numĂ©ro, Paul Mac Carthy confrontait, entre autres, une photo trouvĂ©e de famille suisse en virĂ©e joyeuse dans les alpages, une photographie de la sculpture monumentale de Siegfried et Roy devant le Caesarâs Palace de Las Vegas, une photographie du penis de NapolĂ©on conservĂ© dans le formol ou de la tour Eiffel trĂŽnant au cĆur de lâexposition universelle de 1900âŠ
Je retrouve ce mĂȘme sentiment dâimage et dâesthĂ©tique limite (câest Ă dire qui agit aux limites justement plastiques de lâacceptable et / ou de lâintĂ©ressant sâagissant dâart, de la sincĂ©ritĂ© et de la dĂ©rision⊠bref, de lâĂ©thique et de lâesthĂ©tique) dans les collections dâimages qui fleurissent en ce moment sur la toile entre projet artistique, humour forain, anthropologie des industries culturelles ou des cultures populaires et cabinet de curiositĂ©.
Faund, Tonk gallery, aids-3D, Sexy People, Scrollable LandscapeâŠ
Merci à François pour cette illustration représentant Philippe Millot qui fut aussi cet arriÚre du fameux club de football stéphanois.
PrĂ©cisĂ©ment, lorsquâon parle dâart ou de pratiques artistiques, forme et fond sont inextricablement liĂ©s voire consubstanciels. Focillon parle des « contenus formels ».
Ces collections qui mâaparaissent bel et bien comme des projets ou des propositions se rencontrent sur des sites ou des blogs dâartistes, de graphistes, de critiques dâart ou de graphisme⊠bref, des espaces dâĂ©change relevant de la crĂ©ation visuelle.
Sur leur site (http://www.scratchdisk.com), Laurent Benner, Alex Rich et JĂŒrg Lehni prĂ©sentent explicitement Scrollable Landscape comme un projet communâŠ
DĂšs lors prĂ©senter des images qui questionnent leur statut dâacceptabilitĂ© artistique, ce que jâai dĂ©jĂ appelĂ© ailleurs leur artisticitĂ©, me paraĂźt relever dâun questionnement des limites de lâart. Et il me semble que cette ouverture conceptuelle de leur statut est justement ce qui fait leur intĂ©rĂȘt esthĂ©tique, leur plasticitĂ©.
J’espĂšre, Didier, vous avoir un tantinet Ă©clairĂ©.
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Je ne comprends pas vraiment de quelles « limites » voulez-vous parler ? Ethique ? Politique ?
Les projets dont vous donnez les liens ne sont peut ĂȘtre pas Ă proprement parler des « projets », puisqu’ils ne n’abordent que certains aspect du projet : principalement la forme, sans vraiment prendre en considĂ©ration le sens, la dimension culturelle ou historique ou politique.