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Un peu d’histoire vivante ne nuit pas. Ă€ l’heure du graphisme dit critique, revenons un peu Ă la notion de graphisme d’utilitĂ© publique des annĂ©es 80 et laissons la parole Ă Pierre Bernard :
« L’expression “graphisme d’utilitĂ© publique” est nĂ©e d’un effort collectif d’Ă©criture vers 1986/87. Il y a eu diffĂ©rentes variables et diffĂ©rents usages. Dans le document joint (1), il s’agit d’ailleurs du “graphisme d’utilitĂ© sociale”.
Sous l’impulsion de quelques uns à Grapus, nous avons essayé d’organiser une sorte de ralliement de type corporatiste (le Syndicat National des Graphistes à cette époque n’était pas loin de sa fin ou même déjà mort ? Cela reste à vérifier). C’était également le début de la longue période finale de Grapus dans laquelle nous cherchions les différentes issues sociales à mettre en œuvre avec notre problématique et nos succès relatifs du moment.
Le texte joint (1) visait donc les graphistes indĂ©pendants, repĂ©rĂ©s ou en voie de l’être afin qu’ils rejoignent les “États gĂ©nĂ©raux de la Culture” Ă l’instar des professions artistiques qui s’y rencontraient Ă l’époque sous l’autoritĂ© dynamique et gĂ©nĂ©reuse de Jack Ralite.
L’objectif commun des graphistes Ă©tait de fortifier l’approche du graphisme qui manquait (dĂ©jĂ ) de l’autoritĂ© nĂ©cessaire. Ce qui est d’ailleurs très intĂ©ressant Ă noter dans ce rassemblement largement fourni en comĂ©diens de théâtre, cinĂ©astes, Ă©crivains, plasticiens, musiciens, poètes, auteurs divers c’est que beaucoup d’entre eux n’avaient imaginĂ© auparavant que les graphistes Ă©taient des leurs (!).Le terme visait Ă caractĂ©riser en le valorisant le rĂ´le unificateur de la crĂ©ation graphique en sociĂ©tĂ©, tout en s’opposant par dĂ©finition Ă l’unification que nous connaissions tous qui Ă©tait celle de la pub abusivement dĂ©jĂ nommĂ©e “communication”. L’expression visait Ă©galement Ă doter la posture d’une valeur politique volontariste. Plus d’une cinquantaine de graphistes, loin d’être tous engagĂ©s politiquement avaient signĂ©. Enfin, pour moi, mais je suis plutĂ´t peu instruit en histoire, l’expression “d’utilitĂ© publique” allait puiser ses racines du cĂ´tĂ© de 1789 et du Front populaire et donc d’une RĂ©publique rĂ©solument de gauche.
L’expression s’est imposée également un an plus tard à Marsha Emanuel, ma compagne, quand elle a titré son exposition au Centre Pompidou [« Images d’utilité publique » Centre de Création Industrielle dans la Galerie du Centre d’information du Centre de Création Industrielle au Centre national d’art et de culture Georges Pompidou, Paris, du 3 février au 28 mars 1988].
C’était Ă©galement en relation avec l’exposition de Gert Dumbar “Dutch design for the public sector” (1978) et la “Biennale della Grafica di pubblica utilità ” tenue Ă Cattolica en 1984 oĂą Grapus avait Ă©tĂ© invitĂ©. Et finalement, c’est par cet usage relativement pĂ©dagogique du contenu de l’exposition que l’expression s’est imposĂ©e. »
1_ Illustration : Imprimé-manifeste édité à l’occasion des États Généraux de la Culture, 17 juin 1987.
c’est bien merci