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Il a perdu sa barbe mais ni la truculence exigeante de son analyse ni son sens facétieux de la virtuosité érudite. Umberto Eco est invité par le Musée du Louvre où il organise jusqu’au 13 Décembre une série d’événements autour de son nouvel opus Vertige de la liste.
Évidemment il sera question d’énumération, de série, de catalogue, d’inventaire, de litanie, de collection, de dictionnaire, d’encyclopédie… ; de la distinction entre liste utile finie : « la liste des courses au Prisunic », et liste poétique infinie qui « se termine idéalement par un etc. » même « s’il y a des façons poétiques de lire des listes pratiques… ». Il s’agira du topos de l’indicibilité qui se confronte à l’impossibilité de tout décrire, de tout dire du monde, et qui préfère pourtant la bavarde liste de qualités ou de propriétés à la sobre définition scientifique par essence : « H2O », pour tenter une ekphrasis, cette technique grecque du signifié susceptible d’extirper par les mots la substantifique moelle d’une peinture, d’une sculpture, bref, d’une réalité sensible, fut-elle déjà une représentation ou une présentation construite par la main de l’homme. « La girafe est un animal. Elle a quatre pattes. Elle a un cou très long. Elle a des taches. Elle est jaune. Elle a de petites cornes. Elle mange des feuilles… »
La liste si caractéristique de la structure de flux à priori sans qualité du net et si emblématique des stratégies conceptuelles distantes et systématiques de l’ouverture de l’œuvre. La liste si démocratique par le refus qu’elle promeut de tout choix autoritaire imposé au spectateur. La liste de la boulimie mais aussi de l’écart, de la combinatoire et de la multiplicité…
Oh oui! merci pour cette bonne nouvelle!