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Prendre Charles Péguy au pied de la lettre, comme veut le faire Marie Gil, c’est aussi penser son art de la répétition comme un formalisme, détruisant le beau style et la référentialité, pour faire du travail du langage pris en lui-même, la véritable « passion » de l’écrivain, et y compris dans sa matérialité typographique…
Le mot comme chair, le mot comme terre. Le texte autonome, littéral, comme une somme d’aspérités de la matière et du relief logique.
Le rythme répétitif hallucinogène de la forme. La ritournelle, l’intertextualité, les strates, le palimpseste…
« Page, paysage, chemin, parchemin, pont, palimpseste ». Marie Gil utilise la métaphore géologique de l’écriture. Elle souligne la description du texte comme terrain géologique par les écrivains et inversement, chez Leroi-Gourhan, de la description du terrain géologique comme texte. La glaise, la glose. Péguy souligne lui-même l’analogie entre page et paysage : en latin pagus et pagina.
Après un inquiétant jeu de nébulosités en noir et blanc, Mathias Schweizer occupe maintenant la page d’accueil de son site aveugle par un incroyable paysage composé dans lequel on peut errer, accompagné de sourdes rumeurs telluriques, électroniques et mécaniques. La caverne, ses jeux de dissimulation et de révélation. Le pouvoir magique des gemmes. Mais aussi la graphie comme géographie. La typographie comme topographie…
Pour son exposition au M. 190 http://www.m190.fr/
il transforme encore sa page d’accueil en frontal opus plus ou moins incertum. Appareil de construction de l’image, trame, grille, résolution…
Le Schweizer est trop fort