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Philippe Millot dirige avec une grande maestria le destin graphique remarquĂ© des Ă©ditions Cent pages. Jâemploie Ă dessein ce vocabulaire empreint de tradition car son travail me paraĂźt relever de la mĂȘme veine presque nĂ©o-classique que les productions Ă©ditoriales dâun Cornel Windlin.
Format presque poche, gamme subtile de bruns colorĂ©s, premiĂšres de couverture typographiques avec effets de fer Ă dorer, quatriĂšmes jouant lâinversion audacieuse avec visuel plein pot, tranches colorĂ©es Ă la Faucheux. Rectangles dâempagement harmoniques façon canon de Villard de Honnecourt, faibles corps, musts typographiques de Matthew Carter privilĂ©giant les rĂ©ales, subtilitĂ© des contrastes de gris typographiques et puis de soudains accidents, de brusques espiĂšgleries quoique toujours nuancĂ©s. Finement et rigoureusement tonitruants.
Il ne sâagit pas seulement de âpoursuivre les stratĂ©gies fonctionnalistes anglo-saxonnes avec dâautres moyensâ mais plutĂŽt de dĂ©passer la post-modernitĂ© bavarde et brouillonne par un retour Ă lâordre de lâartisanat virtuose et de la mesure savante en tirant son vocabulaire exigeant autant des fastes savoureux du canon latin que de la rigueur de la posture radicale des avant-gardes du XXe.
Cette collection est une rĂ©Ă©dition de romans dĂ©jĂ s parus chez les Ă©ditions Cent Pages, d’oĂč peut-ĂȘtre cette volontĂ© de « retour » ou de nostalgie.
En tout cas, je trouve personnellement cette collection trÚs réussie en terme de design. Malgré une identité commune forte, chaque livre est singulier, et le design en rapport avec le contenu.
J’apprĂ©cie Ă©galement Dot Dot Dot (contenu et design), mais je suis tout de mĂȘme lassĂ©e de voir son style graphique appliquĂ© Ă toutes les sauces partout. Le style Werkplaats Typografie, malgrĂ© ses qualitĂ©s, a tendance Ă stagner…
Vive les contradictions et lâouverture exigeante.
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bof, bof, bof. J’y vois pour ma part une nostalgie maniĂ©rĂ©e qui nous renvoie Ă la posture ambiguĂ« de Maximilien Vox, un rejet du risque du saut dans le vide (recherche d’une voie Ă venir), une rĂ©assurance historique qui revisite des gammes bien connues.
Mais le parallĂšle avec les fontes choisies par Cornel Windlin m’intĂ©resse davantage. Ce retour aux incises depuis 2/3 ans est des plus troublants et des plus intrigants. On les avait croisĂ©es dans DotDotDot, puis Zak Kyes avait rebondi (ex. les affiches des confĂ©rences de la AA, en 2006 il utilise une Futura, en 2007 il passe Ă une Baker Signet ou qqch d’approchant). Windlin emboĂźte le pas⊠ça y est, c’est Ă©videmment devenu tendance⊠A suivre donc.
AprĂšs l’engouement moderniste 60/70 de ces derniĂšres annĂ©es ce sont celles de la crise moderne (entre 35 et 55⊠les annĂ©es de plomb dans tous les sens du terme) qui sont maintenant convoquĂ©es.
J’y devine, chez ces derniers, un ouverture aux annĂ©es 60/70 de l’Est (voir les productions des pays communistes dans leur moment de solubilitĂ© idĂ©ologique).
DĂ©solĂ© de ne pas partager vos enthousiasmes, mais c’est de la contradiction que naĂźt le dĂ©bat.
Je lis avec plaisir que ça réagit et que ça échange par mal.
Oui, M. Tipitu, chaque ouvrage bĂ©nĂ©ficie dâun traitement spĂ©cial avec typographie choisie. Je ne sais celle que vous Ă©voquez.
Oui, M. Guillaume, en tant quâauteur, on se doit de choisir et de rejeter certains positionnements. En tant que pĂ©dagogue, il me semble quâon doit observer une posture plus distanciĂ©e et ouverte. Sans ĂȘtre un grand fervent du fonctionnalisme ; sans non plus goĂ»ter les retours Ă lâordre et leur idĂ©ologie du statisme nostalgique toujours plus ou moins mortuaire, il me semble que cette tendance sobre, savante et tĂ©nue quâincarnent par exemple Windlin et Millot ne relĂšve pas seulement d’une beautĂ© Ă©thĂ©rĂ©e, compassĂ©e et poussiĂ©reuse mais possĂšde aussi ses intĂ©rĂȘts et ses Ă©nergies bien actuels, fussent-ils subtils et rigoureux. La beautĂ© peut ĂȘtre autre que strictement convulsive mĂȘme si jâadore BretonâŠ
Pas dans tous les bouquins alors. Il utilise aussi (de mĂ©moire, j’en ai aucun) qqch de beaucoup plus calligraphique, pour composer la citation de Carter notamment. CaractĂšre assez piquant, avec des empattements prononcĂ©s. Peut-ĂȘtre qqch de Storm.
merci Mr. MilleLot.
Comme chez Cornel Windlin, j’ai l’impression de voir sur papier ce que Charles Ives, par exemple, a fait en musique classique.
Sublime; mais j’ai du mal Ă voir en quoi ça se rapporte au monde d’aujourd’hui. Je vois, de fait, bien plus un « retour Ă » qu’un « surpassement de ».
Ma premiĂšre impression classicisante rĂ©ale semble avoir Ă©tĂ© la bonne. AprĂšs mĂ»r examen, il me semble que la typo de labeur de âtrois contesâ est tout simplement un Adobe Caslon ce qui est tout Ă fait cohĂ©rent avec le Big Caslon de titrage !
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Effectivement, dans le Herman Melville âtrois contes doublesâ, les caractĂšres de labeur diffĂšrent des fontes de titrage qui sont des Big Caslon. Il semble quâon ait affaire Ă un genre de garalde type Garamond plutĂŽt dĂ©veloppĂ©e avec ligatures, panse du P capitale fermante, queue du Q capitale trĂšs longue⊠mais que je ne parviens pas Ă identifier.
Bravo pour votre Ćil bio-ionique et bonne chasse Tipitu !
Justement en corps de texte je crois que ce n’est aucun de ceux-lĂ âŠ
DĂ©solĂ© de cette erreur grossiĂšre maintenant rĂ©parĂ©e. Il nâest pas bon dâĂ©crire trop tard dans la nuit pour un enseignant en pĂ©riode de juryâŠ
Comme je lâai dit les typographies sont (en tous les cas dans les ouvrages en ma possession) exclusivement des redessins ou des crĂ©ations citationnelles de Matthew Carter revendiquĂ©es explicitement dans le colophon : Big Caslon, Olympian, Helvetica compressed, ITC Charter⊠Peut ĂȘtre faut-il voir aussi dans ce choix la dimension savante et rĂ©fĂ©rencĂ©e du travail de Millot. Matthew est bien le fils de son pĂšre Harry, fameux historien de lâimprimerieâŠ
Les « uns-oh-oh » pages?
D’ailleurs je me demandais, quel est le caractĂšre utilisĂ©, non citĂ©, pour l’intĂ©rieur?
Du Skia bidouillé devant, ça ok.